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02 février 2014

Grand ordonnateur de la "Nuit électrique" de Chine (1/11/1981)

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Près de vingt mille personnes ont assisté, mercredi soir, au Palais des Sports de Pékin, à I’événement musical le plus insolite de l’année. Le premier concert de la tournée qu’effectue actuellement Jean-Michel Jarre en Chine. Sur la scène, quinze tonnes de matériel divers, les synthétiseurs les plus sophistiqués unis à d’impressionnantes batteries de lasers ; une scénographie conçue par Mark Fisher, I’un des spécialistes du genre (c’est lui qui avait créé The Wall pour les Pink Floyd) et trente-quatre musiciens chinois avec des instruments traditionnels.

L'annonce du concert avait fait sensation dans Pékin : trois jours auparavant, des spectateurs avaient fait la queue toute une nuit devant le guichet de vente des billets. Et tout ce que la capitale compte de jeunes fascinés par la musique occidentale (et ils sont nombreux) était en émoi. Le grand soir venu, pourtant, c’est en bon ordre et sans bousculade qu’ils vinrent se plonger dans cette Nuit électrique (c’est le titre donné par Jarre à son spectacle). On eut droit d’abord à une présentation en règIe par une jeune beauté chinoise en longue robe de mousseline blanche, venue donner le mode d’emploi de ces merveilles de la technologie à l’usage des non-initiés. Puis ce fut une majestueuse ouverture rythmant l’entrée des musiciens, Jean-Michel Jarre le dernier, très élégant en smoking blanc, se plaçant sous une sorte d’auvent de néons. Le public retenait son souffle devant cette accumulation fantastique d’amplis et de claviers futuristes, clignotant dans tous les sens, tandis que s’installait un climat sonore lyrique, un peu monotone mais évocateur d’images simples. Très vite pourtant, la curiosité du début faisait place à l’ennui : on aurait aimé que cette musique trop jolie se fasse plus agressive ; que les effets saisissants du son tournant tout autour de la salle soient mieux maîtrisés, que les lasers soient plus présents.
La seconde partie s’ouvrait sur une confrontation passionnante : celle des synthétiseurs et des instrumentistes chinois placés sur de petites estrades en contrebas de la scène: trente-quatre étudiants du conservatoire national dirigés par un de leur professeur. Une écolière appliquée en robe de velours rouge, très «distribution des prix», préluda les premiers accords d’une mélodie classique, Chant nocturne dans des bateaux de pèche, sur un zheng, instrument triangulaire, neuf cordes poses sur deux supports qui rappelle à la fois le dulcimer et la harpe. Des sons coulés, comme des glissements d’eau, amorcent le thème repris par les instruments: le violon chinois à deux cordes, la pipa qui rappelle par le son et la forme la guitare des griots africains ; de très curieuses orgues à bouche et d’autres instruments plus familiers aux Occidentaux, notamment plusieurs violoncelles.. On peut déjà parier que ce morceau, s’il fait comme c’est prévu l’objet d’un disque, est destiné à devenir un must pour les illustrateurs sonores. Un autre grand moment fut l’apparition de la laser-harpe, fabuleux instrument inédit, qui produit à la fois des rayons lumineux et des sons, et dont Jarre joua debout, obtenant des effets étonnants. Cependant, comme la soirée se prolongeait, le public commençait à manifester quelque agitation. A Pékin, les spectacles se terminent tôt, et pour cause : la plupart des autobus cessent de fonctionner vers 22h30. Et dans cette ville étalée, ceux qui rentrent à vélo ont parfois de très longues distances à couvrir. Quand on pense de plus que, dans les administrations comme dans les bureaux, on travaille ici dès 8 heures du matin, on comprendra pourquoi, malgré la fascination de cette Nuit électrique, les spectateurs se mirent peu a peu à se diriger vers Ies portes de sortie où le service d’ordre faisait un barrage. Le concert s’acheva dans une salle à demi-pleine, sous des applaudissements énergiques mais peu prolongés. Plus tard dans les loges, en sablant le champagne, Jean-Michel Jarre reconnaissait que ce premier concert était en réalité une répétition générale. Son pari n'est pas encore gagné ; mais il n’est pas perdu, loin de là, la télévision et la radio de Shanghai comme de Pékin ont demandé à rediffuser l’événement. Et pour le second concert comme pour les suivants, les salles seront pleines ; on parle : même d’une soirée supplémentaire ; à Shanghai. On peut donc attendre sans trop ,d’inquiétude les prochaines Nuit électrique.

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27 décembre 2013

Article de Ouest-France sur les concerts en Chine (14/11/1981)

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Donner une série de concerts de musique électronique, dans une Chine qui, dix ans durant, sous le règne culturel de Mao, avait vécu au rythme lancinant des sept seuls opéras tolérés par la censure, tenait de la gageure. C’est pourtant le pari qu’a gagné fin octobre Jean-Michel Jarre avec ses lasers et ses synthétiseurs : cinq concerts, cent vingt-cinq mille spectateurs, une curiosité et un enthousiasme sans bornes.

"Cela été une oeuvre de longue haleine", raconte J.-M. Jarre. "Tout avait commencé avec les fêtes du 14 Juillet que j’avais animées en 1979, place de Ia Concorde. Les Chinois furent intéressés : c’était l’époque de leurs quatre grandes modernisations. Suivirent pour moi trois voyages à Pékin où je parlai de ma musique et expliquai mes instruments. Lors de ma première visite, je laissai d’ailleurs quelques uns de ces instruments sur place : il n’y avait à l’époque que deux pianos dans tout Pékln… "

La préparation fut longue et difficile. Et d’abord la préparation "idéologique" ; un tel spectacle était-il montrable ? Pouvait-on présenter à un "public vierge" une musique aussi nouvelle, alors que la Chine avait refusé d’accueillir les ballets classiques, la peinture contemporaine américaine ou les Rolling Stones ? Finalement, les Chinois se décidèrent à lancer l’invitation officielle tant attendue, partant du principe que les synthétiseurs, parfaitement nouveaux, ne pouvaient être "décadents" et qu’un Jean-Michel Jarre, à tout prendre, était sans doute moins "bourgeois" qu’un Beethoven… Restait la préparation technique. Elle dut beaucoup à I’improvlsation ; seize tonnes de matériel et soixante personnes. cela ne se manie pas comme un quintette, même lorsqu’on loge à deux par chambre. Les Chinois avaient en outre tenu à ce que les musiciens français et un orchestre traditionnel chinois interprètent ensemble une vieille mélodie folklorique. Jean-Michel Jarre avait donc dû répéter à Paris, enregistrer sur cassette puis envoyer à Pékin ladite cassette. Les Chinois, sur cette base, enregistrèrent à leur tour, avant d’envoyer à Paris une nouvelle cassette. Et ainsi de suite…

Fin octobre, ce fut enfin, à Pékin, la première. "Avec tous ses impondérables. On avait bien prévu l’électricité", se souvient Jean-Michel Jarre. "Mais les câbles s’arrêtaient dans le coulolr. Pour trouver les deux cents mètres manquant, II fallut faire venir des cables spéciaux du centre de la Chine: deux jours et demi d’attente… A Shanghai, ce fut pire encore: pour fournir au stade l’électricité nécessaire, ou prolonger dans I’obscurité un quartier entier de la ville…" Et puis, poursuit J.-M. Jarre, "Il fallait tenir compte à Pékln du fait que le dernier autobus est à 9 h 15 et que les officiels exigeaient un entracte pour aller faire pipi…" Le succès remporté fit vite oublier toutes ces petites difficultés. Et cela bien que les techniciens chinois, captivés par le spectacle, en aient souvent oublié de s’occuper de leurs projecteurs. Un succès total, surtout lorsque J.-M. Jarre descendit dans la salle pour faire jouer les auditeurs. La sécurité est alors intervenue brutalement, matraquant quelque cinquante personnes. "Vous ne devez pas recommencer, me prévinrent les autorités. Cette foule est Incontrôlable. Il peut y avolr des morts…"

Aujourd'hui, que reste-t-il de cette « première » ? La satisfaction d’avoir laissé là-bas le premier disque de musique occidentale moderne. La satisfaction aussi d’avoir permis la construction du premier synthétiseur chinois. La satisfaction enfin d’avoir apporté à des Chinois, curieux et amicaux, quelque chose de neuf. Mais à côté de ces satisfactions, une sourde inquiétude: celle que la Chine officielle ne se referme très vite sur elle-même, comme surprise de son audace.

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24 février 2013

Jarre sur le 5.1 de l'album AERO et du concert de pékin (2004)

7è FISM, (Forum du son Multicanal) vendredi 5 novembre 2004, 17h30, CNSMDP / Invité : Jean Michel Jarre

Jean Michel Jarre : Si j'ai fait la musique que j'ai faite, c'est grâce à Pierre Schaeffer, que certainement beaucoup ici connaissent bien, et qui dirigeait le Groupe de Recherches Musicales (GRM). Quand j'ai commencé à étudier la musique électro-acoustique, dont la diffusion multicanal constitue un aspect de base, le disque, stéréophonique à l'époque, m'a toujours semblé limité. Je me suis coincé, limité à deux dimensions, donc à une image plate, devant moi, alors que la musique peut en exploiter trois. J'ai donc toujours rêvé de pouvoir travailler en 3D. Même si la quadriphonie a existé à un certain moment, elle est malheureusement restée au stade expérimental, sans rencontrer de succès auprès du grand public. C'est avec le home cinéma, surtout après l'apparition du DVD, que le grand public a eu accès à des installations 5.1 pour, aujourd'hui, quelques centaines d'euros (même 100 !), ce qui permet au plus grand nombre de s'équiper.

C'est pour cette raison que mon dernier album, Aero, a été prévu en 5.1 dès le départ, en donnant la priorité à cette version plutôt qu'à la version stéréo sur le CD. La difficulté a d'ailleurs consisté à faire comprendre à ma maison de disques que le DVD n'est pas seulement aujourd'hui un support pour l'image, mais aussi pour la musique, dès l'instant où on se met à vouloir travailler en multicanal. Donc, j'ai été confronté au problème de concevoir, en studio, de la musique en 5.1, et, une fois lancé dans l'enregistrement de l'album, j'ai eu envie de revisiter en multicanal quelques-uns de mes anciens morceaux, que j'avais entendus à l'époque en trois dimensions, mais qui n'existaient qu'en version stéréo. Quand j'ai commencé à travailler sur mon Pro Tools, les plug-ins au format 5.1 n'existaient pratiquement pas, et j'ai été confronté au problème que nous connaissons tous, que le monde de la musique est habitué, formaté, à la stéréo, que ce soit en enregistrement ou en mixage, et ceux qui ont une habitude du 5.1 sont rares. Cette expérience est beaucoup plus répandue dans le monde du cinéma, ils ont développé des critères de spatialisation, mais toujours au service de l'image : le traitement des canaux arrière, par exemple, est tout à fait différent de ce dont un musicien a besoin. Pour lui, l'avant et l'arrière possèdent une importance égale, il est susceptible d'y placer n'importe quel type de son, ce qui n'est pas le cas du cinéma, où la musique est essentiellement à l'avant, de chaque côté des dialogues de l'enceinte centrale, avec éventuellement un peu de réverbération dans les canaux arrière. J'ai pour ma part considéré le mixage un peu comme une direction d'orchestre, qui met en lumière tel ou tel aspect des arrangements. Je pensais que le mixage 5.1 serait plus facile, mais j'ai rencontré des difficultés au fur et à mesure.

En fait, le 5.1 est plus compliqué que la stéréo, et déjà à l'enregistrement. En stéréo, on peut se permettre d'être plus flou, les sons se rentrent les uns dans les autres, et leur interaction brouille le jeu, ce qui arrange la sauce du studio. En 5.1, tous les instruments se retrouvent isolés dans l'espace, et toute faiblesse dans le jeu apparaît immédiatement. De la même manière que la stéréo a changé la manière d'enregistrer en studio, je suis convaincu que le 5.1 va faire naître une nouvelle forme de musiciens. C'est plutôt la technologie qui génère les styles musicaux plutôt que l'inverse : ce n'est pas Vivaldi qui a inventé le violon, c'est parce que le violon s'est amélioré que Vivaldi a pu composer ses œuvres. Même chose pour le rock avec la guitare électrique, même chose pour les 78 tours, qui ont poussé les pionniers de l'enregistrement à des chansons ou des morceaux de 3 minutes, et aujourd'hui, la technologie du 5.1 reconstitue l'émotion musicale de façon plus organique, plus sensuelle, qu'on écoute un prélude de Chopin au piano ou de la musique électronique.
On sait aussi que dans l'histoire de la transduction sonore, tout a évolué sauf le haut-parleur. Même s'il a évolué, il s'appuie toujours sur le même principe, un morceau de carton dans un coffret pour diffuser de l'énergie sonore à certaines fréquences. La prochaine révolution sera de passer à une diffusion multisource, qui permettra de créer l'impression de profondeur qu'on ne peut pas restituer en stéréo.

Autre aspect : la restitution du son d'un concert dans une salle pose aussi un certain nombre de problèmes. J'ai eu l'occasion récemment de donner un concert à Pékin dans le cadre de l'année de la Chine, et pour la première fois, nous avons tenté, avec Christian Heil de la société V-DOSC, d'effectuer une spatialisation du son en extérieur, et je crois qu'on est arrivés à un résultat tout à fait satisfaisant. Nous sommes sortis de la philosophie de la sonorisation habituelle, qui consiste à empiler des enceintes de chaque côté de la scène. Nous avons découpé dans la zone réservée au public des carrés de 30 mètres sur 30 mètres, soit environ 3000 personnes, et nous avons défini à chaque fois un système de sonorisation 5.1. L'essai a été tout à fait probant, avec une approche tout à fait différente de celle en vigueur dans les salles de cinéma. À l'occasion de la sortie de l'album Aero, en effet, j'ai eu l'occasion de faire la promotion de l'album un peu partout en Europe, et dans certains pays, on a fait écouter cette musique dans des salles de cinéma, et ça pose évidemment un certain nombre de problèmes, dans la mesure où les enceintes d'un cinéma se prêtent mal à une écoute 5.1 musicale… Il faut compter sur ce problème quand on travaille en 5.1 : la partie arrière, surtout, réagit très mal à des spatialisations ou de trajectoire de sons.
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12:45 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : aero, 5.1, studio, pékin, 2004 |  Facebook | | |

11 septembre 2012

Pékin - Cité interdite, Place Tian'anmen (2004)

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Pour l'année de la France en Chine, Jean Michel Jarre organise deux concerts dans deux lieux particulièrement emblématique de Pékin. D'abord, la Cité Interdite, ensuite la Place Tian'anmen.

Les concerts ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle, le temps d'un parcours en side-car par la porte de la Cité Interdite, endroit que la dernière personne n'était autre que le dernier Empereur chinois. Le concert fut soutenu financièrement et techniquement par deux grandes entreprises françaises : EDF et Thomson.

Les moyens techniques sont colossaux : 20 kilomètres de câbles, 60 tonnes de matériel sorti de l'avion, 100.000 watts de système audio Surround, 3.600KW de puissance totale et 600 projecteurs. La scénographie fut signée Christian Bourret.

Lors du spectacle, Jean Michel prononça la devise de la République française, qu'il dit en français, puis en chinois : "liberté, égalité, fraternité".

Le concert fut diffusé en direct à la télévision choinoise d'état CCTV sans coupure et sans censure. Il faut dire que tout dans le concert avait été prévu et programmé à l'avance des deux partis : les autorités chinoises et la production côté français.

La chaîne de TV Haute définition HD1 retransmet le concert en Direct le 10 octobre et France 2 quelque temps pus tard.

15.000 personnes assistèrent au concert de la Cité Interdite, qui était lui aussi une première, puisque le public pouvait profiter du son en 5.1 comme au cinéma, par la biais de carrés adjacents équipés d'enceintes.

Pour ce concert, Jean Michel Jarre a voulu s'entourer de jeunes musiciens de la génération des "événements" de 1989 Place Tien'anmen. Il s'est heurté à l'opposition des autorités,, refusant la présence de Cui Juan, un rockeur dissident. En insistant, il obtiendra la présence de deux d'entre eux, respectivement à la clarinette, au ehru et au chant pour une reprise de "La Foule" d'Édith Piaf.

Jean Michel interprète notamment, en plus des titres de la compilation AERO, le morceau Jonques de Pêcheurs au Crépuscule avec le mariage de l'orchestre traditionnel et classique chinois. Le morceau Geometry of Love est oué live pour la première fois.

Deux DVD furent édités suite au concert : un premier avec le concert tronqué, le deuxième avec une intégrale du concert en son THX et un CD collector. Un livre à tirage très limité : 4000 exemplaires fut dévoilé à Paris au mois de décembre 2004.
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> Concert de la cité interdite

1. Forbidden City (reprise symphonique de Gloria, Lonely boy)
2. Aero
3. Oxygene 2 (+)
4. Oxygene 4 (+)
5. Geometry of Love
6. Petit orchestre sous la pluie (Orgue de barbarie)
7. Equinoxe 4 (+)
8. Voyage à Pékin (anciennement Akropolis)
9. Chronologie 6 (+)
10. Zoolookologie (+)
11. Aerozone
12. Aerology (+)
13. Chronologie 3
14. Vivaldi - L'été (Guitare électrique)
15. Jonques de pêcheurs au crépuscule
16. Rendez-Vous 4 (+)
17. Souvenir de Chine (+)
18. Rendez-Vous 2 (+)
19. Aerology (Neimo Remix)


> Concert de la Place Tien an men :
1. La Foule (reprise d'Edith Piaf)
2. Tiananmen (morceau inédit)
3. Oxygene 13



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Jean Michel Jarre (synthétiseurs, Harpe Laser, theremin, flûte MIDI, accordéon)
Francis Rimbert (synthétiseurs)
Patrick Rondat (guitare électrique)
Claude Samard (synthétiseurs, orgue de barbarie, guitare électrique)
Orchestre symphonique de Pékin (92 musiciens chinois)
Orchestre traditionnel de Pékin (72 musiciens chinois)
Chorale (72 chanteurs chinois)

20 août 2012

Les concerts en chine (1981), une épopée futuriste

Aller à : Morceaux joués | Musiciens et instruments

En Juillet 1980, Jean Michel Jarre et sa femme Charlotte viennent en Chine avec quelques synthétiseurs pour en faire la démonstration au conservatoire de Pékin. Ce sera la première étape d'un lent travail d'entente sur les modalités d'un concert (qui s'avèrera devenir une tournée) pour un occidental là-bas, ce qui serait une première. Jean Michel leur offre un synthétiseur (le premier sur le sol chinois) et devient membre honoraire du Conservatoire de Pékin. La radio chinoise diffuse la musique du concert de la Concorde, un an plus tôt, ce qui fait d'Oxygène la première musique occidentale diffusée jusque dans les rizières de la Chine profonde.

Le principe des concerts est enfin accepté début 1981. Le budget, supporté en partie par les droits télé sur le documentaire qui fera suite au concert, avoisinne les cinq millions de francs. l'argent de la billeterie, lui, ira complètement dans la poche de l'Etat Chinois.
Il faudra plus d'un un an de préparation, par envoi de cassettes interposés et de palabres interminables, pour qu'enfin le 16 octobre 1981, les équipes du musicien (70 personnes) et leurs 15 tonnes de matériel ne se posent à Pékin.
Comme musiciens de scène, Jarre a retrouvé son complice du studio Ferber (à l'époque où Jarre travaillait pour Christophe) Dominique Perrier, son coacolyte batteur Roger Rizzitelli ainsi qu'un démonstrateur chez MusicLand, magasin en pointe dans les synthétiseurs, Frédérick Rousseau.
Michel Geiss a bricolé plusieurs instruments pour JMJ, avec l'utilisation de la nouvelle norme MIDI. Le musicien lyonnais a customisé un de ses claviers avec les chromes du capot d'une voiture américaine.
Dominique Perrier s'éclate sur scène avec le Moog Liberation, premier synthétiseur portable pour l'époque.

Le premier concert à Pékin le 21 octobre 1981 est une sorte de showcase avec une set-list plus courte et entrecoupé par la présentation des musiciens. Un entracte, conforme aux normes chinoises, est imposée pendant les concerts. Le public chinois est ébloui par l'incroyable balai de lumières et de lasers qui forment des idéogrammes chinois au plafond.
Le scénographe Mark Fisher, qui a travaillé pour The Wall de Pink Floyd, un des spectacles préférés de JMJ, assure la direction artistique de l'ensemble.
Jean Michel fait la démonstration d'un instrument devenu mythique : la Harpe Laser, conçue par Bernard Szajner. Autre innovation, Jarre est filmé par une caméra fixée autour de son corps par un harnais.

Les incidents techniques sont nombreux en répétition aussi bien que sur scène, notamment les micro-coupures : la puissance électrique nécessaire pour le son, la lumière, plonge un quartier entier de Pékin dans le noir. Le séquenceur MDB tombe en panne en plein milieu d'un morceau le 4ème concert, obligeant les musiciens à improviser complètement !

Les jeunes chinois se pressent pour acheter les billets pour le concert de celui qui est présenté là-bas comle "le grand maitre de l'électricité". Le deuxième concert sera retransmis à la radio (500.000.000 spectateurs) et la télévision chinoise. Les officiels et les militaires, eux, sont stoïques, tandis que l'hystérie est complète quand le français descend dans le public pour faire effleurer un mini-synthé à une forêt de mains chinoises tendues. Succés aidant, au lieu de quatre concerts en tout, cinq concerts sont joués.

Une grande partie de l'album Les chants magnétiques, faisant appel au Fairlight, sert de trame aux concerts. Le morceau Jonques de Pêcheurs au Crépuscule, qui marie synthés et orchestre traditionnel chinois, a été inspiré par un thème folklorique local.

L'histoire ne serait pas complète si l'on n'ajoutait pas que Jean Michel a composé le morceau Souvenir de Chine (+) dans l'avion du retour, au fil des trente heures de vol que nécessite le voyage. Ce morceau sera l'un de ceux qui sera incorporé en studio aux éléments live enregistrés sur place par René Ameline et Patrick Auffour.


:: Morceaux joués (21 Octobre, Palais des Sports, Pékin, 20.000 spectateurs) :: | Retour en haut
Intro | Oxygène 1 | Oxygène 2 (+) | Equinoxe 8 | Jonques de pêcheurs au crépuscule | Chants Magnétiques 1 (+) | Chants Magnétiques 2 (+)


:: Morceaux joués (22 octobre, Palais des Sports, Pékin puis les 26, 27 et 29 octobre, Stade de Shanghaï, 60.000 spectateurs) ::
Ouverture | Arpégiateur | Equinoxe 4 (+) | Jonques de pêcheurs au crépuscule | L'Orchestre sous la pluie | Equinoxe 7 (+) | Orient Express | Chants Magnétiques 1 | Chants Magnétiques 3 | Chants Magnétiques 4 | Harpe Laser | Nuit à Shanghai | La dernière Rumba | Chants Magnétiques 2 


:: Musiciens et instruments :: | Retour en haut
Jean Michel Jarre : Fairlight, Eminent, Oberheim OBX A, Moog Taurus, AKS, VCS 3, Elka, Lynn drum, micro synthé Electroharmonix, Harpe Laser.
Dominique Perrier : Moog Liberation, Prophet 5, Eminent, Korg polyphonic, Kobol.
Frédérick Rousseau : Polysequencer MDB, RSF, Yamaha CS 60, boîtes à rythme Korg, ARP 2600.
Roger "Bunny" Rizziteli : percussions électroniques, batterie Simmons
Pierre Mourey : musical instrument coordinator



Lire aussi : Le double album Les concerts en Chine
Source Photo: aerozone.