11 août 2013
Le concert de la Défense raconté par Jean Michel Jarre (1990)
Documentaire où Jean Michel Jarre présente ce qu'il avait en tête pour le concert de la Défense avec des images inédites de l'installation du concert.
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10 août 2013
Reportage télévisé dans le studio de Jarre à Paris en 1977
Un des premiers, si ce n'est le premier, reportages sur Jean Michel Jarre au milieu de ses instruments à la télévision française. Il s'agit du journal télévisé "Midi 2" (Antenne 2) du 23.06.1977. En musique d'ouverture, on entend Oxygène IV.
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09 août 2013
3 questions sur… Ses premiers synthés (1990)
1) Quel était ton premier synthé et d'une manière générale comment choisis-tu ton équipement dans la foule de matériels existants?
Jean Michel Jarre : "J'ai débuté avec le VCS-3 par accident et je l'ai exploré assez méthodiquement. Quand il est apparu en 1967/68, c'était formidable de soudain pouvoir faire des sons électroniques avec une petite machine alors que jusque-là, il fallait une grande pièce. Mon deuxième synthé a été l'ARP 2600 qui coïncida avec ma rencontre avec Michel Geiss qui m'en a fait la démonstration. Aujourd'hui, je suis sélectif par rapport à mes besoins. Vouloir tout utiliser est mauvais mais se limiter est dommage. Il faut observer ce qui se passe, par exemple, à travers la presse spécialisée. Mais il y a un retard en France, le problème est qu'ici, les ingénieurs du son, par exemple, vont se mettre au courant de l'équipement qui sort à travers des articles, tandis qu'aux Etats-Unis, ce sont eux qui les écrivent… dans les nouveaux instruments, le Wave en rack de chez PPG a l'air de correspondre à ce que je veux. Ce sera peut-être pon investissement de l'année car c'est le premier synthé à avoir le son numérique tout en fonctionnant selon une philosophie de traitement analogique et sur lequel on peut intervenir par des systèmes exclusifs MIDI d'une manière pas trop difficile. De plus, il n'a que huit voies ce qui fait deux fois moins de chances de faire trop de bruit…"
2) Avoir tous ces synthés constitue-t-il un handicap par rapport au problème de choix qui se pose?
J-M J : "J'ai un état d'esprit de collectionneur parce que j'ai une attitude affective avec les instruments, une des clefs de la musique étant basée sur les relations émotionnelles. Je revendique haut et fort le génie qu'il y a dans cette lutherie électronique qui fait que par exemple un Mellotron, ça se garde, comme tous ces instruments qui ont un côté Concours Lépine fableux. En revanche, je garde très peu de choses derrière ma console, une MPC 60 que je connais par cœur, le S 1000 (deux instruments vraiment réussis, pour musiciens), plus un instrument type Synthex ou MemoryMoog et pour les sons analogiques, un vieil ARP ou un vieil Oscar, le plus beau synthé monophonique qui ait jamais été construit. Dans la librairie du Fairlight II que j'ai depuis dix ans, j'ai une quantité de sins dans lesquels je peux piocher… Ce que j'aile dans le Fairlight, ce sont ses défauts et d'une manière générale, c'est souvent le côté bancal d'un instrument qui m'attire, c'est pourquoi le DX-7 ne me fait pas particulièrement fantasmer. De plus, c'est un ersatz de synthétiseur puisqu'on peut difficilement l'utiliser comme tel, la définition étant pour moi "pouvoir travailler un son en temps réel". Le DX-7 tient davantage de l'orgue à presets. Nous n'avons plus du tout une attitude progressiste par rapport à la manière d'envisager la musique car ce sont des gens qui ne sont pas du tout du monde de la musique qui conçoivent les instruments, ce qui était impensable auparavant. Je crois beaucoup aux Européens, en particlier aux italiens (Elka, Bontempi). Lors de la dernière réunion IRIS, j'ai cité une phrase de Claudel : "La musique est l'âme de la géométrie." Si les japonais se sont bien occupés de la géométrie, c'est à nous, Européens, de lui donner une âme. Nous avons un grand rôle à jouer pour essayer de trouver des instruments qui soient adaptés à notre sensibilité."
3) Quel serait ton synthé idéal?
J-M J : "La nouvelle lutherie doit privilégier l'importance de la main par rapport à celle du raisonnement. L'AKS ou le VCS-3 sont des instruments que j'adore encore maintenant car ils ont la familiarité d'un vieux vêtement et donnent ce sentiment de vivre un moment unique avec le son avec lequel on travaille, ce qui me paraît nécessaire à la composition. Évidemment, le clavier du VCS-3 fonctionne en tiers de volt par octave, ce qui fait qu'il n'est pas synchronisable. On ne peut pas mémoriser les sons, on est donc obligé de passer son temps à tout noter, à réfléchir, ce qui n'est pas si mal, car s'habituer à avoir tout instantanément n'est pas forcément la meilleure chose qui soit… Quand même, disons qu'un VCS-3 mémorisable, polyphonique, ayant le MIDI, des formes d'ondes complexes (pour avoir des sons digitaux), voilà l'instrument que je voudrais! Il ferait un malheur par rapport au concept du synthé car, aujourd'hui, on fait des choses beaucoup plus complexes avec un modulaire Moog qu'avec un instrument FM à partir du miment où on part de zéro. La technologie devrait permettre de faire des choses de plus en plus compliquées de plus en plus facilement. Les machines qui m'ont le plus marqué sont l'AKS, l'ARP 2600, l'Eminent, l'OBX, le Prophet, le Synthex, le Fairlight II, le S 1000, plus quelques instruments bizarres comme le Seiko et l'Oscar, qui a su utliser les meilleures potentialités de l'analogique et du digital. L'idéal est d'avoir les possibilités de génération sonore des synthés numériques et une erginomiedu synthé analogique. La disparition des boutons n'a évidemment pas à une disparu des mains. Je suis pour que tout puisse se faire (avec ou sans boutons) à condition que ce ne soit pas la technologie qui dicte ses choix au musicien. Domestiquer l'interface est une chose primordiale pour les dix années à venir. Si un type veut jouer avec un tuyau d'arrosage, il faut qu'il puisse le faire, la brancher MIDI, etc. Il faut arrêter de coller des prithèses à ce pauvre clavier qui n'en peut plus, et de cesser de vouloir en faire un autre instrument. Par exemple, le toucher piano pour jouer des cordes sur un synthé est une notion qui me fait hurler."
Propos recueillis par Catherine Chantoiseau
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08 août 2013
3 questions sur… Le geste musical (1990)
1) Quel plaisir y a-t-il à découvrir un nouveau clavier?
Jean Michel Jarre : La musique est liée à la main, au geste. Il faut trouver des interfaces qui donnent envie d'être créatifs, physiquement, manuellement. Il est important que les instruments soient esthétiques car la beauté induit toutes sortes de paramètres.
2) Que penses-tu des classifications accolées à la musique électronique?
J-M J : Je ne me suis jamais senti partie prenante dans les termes "planant" et "new age" parce qu'ils sont totalement impropres.
On a associé le synthé d'une époque à la musique dite "planante". La musique électronique a subi le même préjugé que l'écologie, considérant au départ comme l'apanage de gentils hippies attardés avant d'être reonnue comme une réalité sérieuse.
3) Allons-nous vers une écologie musicale?
J-M J : Cela va être certainement une des orientation importante des dix prochaines années. Ce n'est pas par hasard, si en cette fin de décennie, nous assistons à un revival du début des années soixante-dix.
C'est la première fois que l'industrie de la musique, à travers le disque, a une histoire, et on replonge dans ce passé. Je viens de ressortir Oxygène comme extrait de l'album live et sa pochette est encore tout à fait d'actualité. Aujourd'hui, les sports sont essentiellement de glisse (Deltaplane, ski, parapente, etc.) qui flirtent avec la nature plutôt que s'y opposer. On remarque le même phénomène dans l'architecture et je pense que la musique va suivre une démarche identique.
À côté des musiques "polluées" (house, disco, etc.), l'électronique et une certaine attitude musicale par rapport au geste et à l'instrument représentent une véritable écologie musicale nécessaire. Le nettoyage s'impose pour arriver à des choses beaucoup plus simples.
Il faut arriver à maîtriser la technologie pour qu'elle se rapproche de plus en plus de la nature… humaine.
Propos recueillis par Catherine Chantoiseau
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07 août 2013
3 questions sur… L'éducation musicale (1990)
1) De ta formation classique, quels sont les éléments qui te semblent aujourd'hui fondamentaux?
J-M J : L'étude classique de la musique par rapport à la musique d'aujourd'hui, je pourrais l'assimiler au latin par rapport à la culture générale. C'est un mécanisme intéressant pour comprendre le code musical européen dans lequel nous sommes immergés. Ce n'est pas forcément un passage obligatoire mais cela donne un autre éclairage à la manière de penser les structures ou le phénomène de composition. Je pense que ma vision de la musique serait différente si je n'avais pas étudié le contrepoint et l'harmonie par exemple.
2) Que penses-tu de l'enseignement de la musique tel qu'il est pratiqué actuellement?
J-M J : C'est une question qui me concerne énormément, liée à notre réalité biologique, c'est-à-dire au temps que l'on passe sur cette planète. Par manque de temps, l'homme a souvent une attitude de court terme, fait des impasses et cherche des raccourcis. L'éducation musicale est restée en plan, elle n'a guère évoluée depuis Jules Ferry. La musique d'aujourd'hui se fait à travers des instruments qui ne sont pas enseignés dans les écoles officielles, ce qui est paradoxal. Le saxophone fut inventé en 1840 et admis au conservatoire seulement en 1942… Pour l'instant, c'est le vendeur qui enseigne le fonctionnement du synthé. L'enseignement musical croupit et les disciplines artistiques sont pourtant une des clés pour aborder le XXIème siècle à égalité avec les pays culturellement puissants que sont les Etats-Unis et le Japon.
3) Quelle serait pour toi la pédagogie musicale idéale?
J-M J : Elle devrait être adaptée aux réalités de la société dans laquelle on se trouve. Si une société possède des instruments électroniques, cela dénote une manière différente de ressentir les choses, fondée sur les sons et non pas sur un code (le solfège par exemple). Une bonne approche serait donc un travail sur les sons. La musique devrait s'apprendre comme la cuisine, concrètement. Qu'est-ce qu'il faut mettre comme ingrédients pour obtenir un plat savoureux? Il faut pouvoir expérimenter, tripoter, mélanger, réaliser quelque chose, et pour la recherche, aller voir plutôt du côté de Jules Verne que du côté de l'IRCAM.
L'IRCAM est bien un centre de recherche mais si fermé qu'il ne profite qu'à quelques-uns, bien qu'il soit financé grâce aux deniers de l'Etat c'est-à-dire grâce à chacun d'entre nous. Ce manque d'ouverture ne fait avancer ni la musique ni la technologie. Le GRM était, lui, toujours en état d'urgence, sans statut officiel, donc remis en cause de façon permanente. Il avait le côté corsaire de la musique, vivant une sorte d'illégalité au sein de l'ORTF, ce qui était un bon catalyseur pour la création. C'était une manière de se battre et de rester éveillés, une confluence de personnalités, un organisme multicéphale, et c'est ce qui importe pour que toute recherche aboutisse à des trouvailles.
Propos recueillis par Catherine Chantoiseau
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