Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26 février 2014

La nuit américaine de Jean-Michel Jarre (Le Figaro, 12/09/1986)

coupure presse,houston,1986


«Paris vaut bien une messe», pensait en son temps Henri IV. Houston merite bien un « spectacle grandiose », ont estimé à leur tour, trois siècles plus tard, les Américains, et c’est pourquoi, le 5 avril dernier, ils ont, dans une liesse populaire sans précédent, célébré à la fois le cent cinquantième anniversaire de l’Etat du Texas et le vingt-cinquième anniversaire de la N.A.S.A.
Le film de Bob Giraldi, diffusé ce soir par TF 1, résume cette commémoration confiée à I’un de nos compatriotes, Jean-Michel Jarre. Le musicien, il est vrai; possédait de sérieuses références. Après avoir, en 1979, neutralisé la place de la Concorde, pour y donner un concert monstre, il avait, il y a deux ans, ébahi les Chinois de Shanghai et de Pékin par de gigantesques spectacles, son et lumière.

Sa mission à Houston consistait à mettre en valeur un site architectural de huit cents mètres d’ouverture, composé de gratte-ciel de verre, sur lesquels venaient se mirer deux mille spots de couleur sous un ciel balayé par des projecteurs de D.C.A. Au pied de l’hôtel Meridien, debout devant un grand synthétiseur en forme de palette magique, le compositeur imagina pendant quatre-vingt-dix minutes une symphonie d’accords électroniques et de flux lumineux préalablement dosés par ordinateur. Le film le montre aussi, comme Vulcain; jouer avec le feu, couper de ses mains gantées les faisceaux d’une « harpe » de rayons laser, et commander à distance I’embrasement final de buildings de plus de trois cents mètres de haut.

Une grande première, à cent pour cent francaise, à laquelle les Texans applaudirent des deux mains. C’est, dirent-ils le lendemain, un show à la «dimension de notre ville.» C’est vrai, Rendez-vous à Houston a nécessité un an de préparation; coût à la municipalité deux millions de dollars; sans compter, côté français, divers parrainages. Le soir de cette première mondiale. le grand ordonnateur connut quelques avatars de peu d’importance. Le F.B.I. I’accusa de mettre trop en lumière ses installations et de perturber ses liaisons radio. La police, quant à elle, lui dressa procès-verbal pour tapage nocturne. Cela n’empêche pas Jean-Michel Jarre d’avoir d’autres projets. Lyonnais d’origine, il entend apporter son experience à sa ville natale; le 5 octobre, pour, la venue du pape Jean-Paul lI. Son ode de lumière et de musique, dédiée au Saint-Père, illuminera le vieux Lyon et la colline de Fourvière. Aux côtés de cette débauche de son et de lumière, les châteaux de la Loire, ce soir-là sembleront éclairés par des lampes tempêtes.

00:00 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : coupure presse, 1986, houston, états-unis |  Facebook | | |

24 février 2014

Sous les lasers de Jarre (Presse, 6/10/1986)

coupure presse,houston,1986


Rares sont les Lyonnais qui ont pu profiter du spectacle de dimanche soir, tant la foule dépassait les prévisions.

Pour quelques milliers de privilégiés, ceux qui avaient réussi à prendre place à moins de cent mètres du podium ou Jean-Michel Jarre et sa quinzaine de musiciens officiaient, le spectacle a tenu ses promesses. Les diapositives géantes de mère Theresa, de Lech Walesa ou du Mahatma Gandhi apparaissaient comme par magie sur les façades des immeubles au bord de L’eau, tandis que dans le ciel explosaient des milliers de fusées multicolores. Ces privilégiés venus du fleuve se jet tent a terre et s’amarrent a des gradins installes sur les quais alors qu’une immense foule s’agglutine et s’écrase derrière les barrages de sécurité. En face, sur l’autre rive, la cathédrale Saint-Jean, la basilique de Fourviere et, à hauteur du palais de justice, la scène de six mètres de haut de Jean-Michel Jarre. Cette toile architecturale composée de maisons et de monuments n’attend qu’un coup de baguette magique pour s’animer, se réveiller en CinémaScope.
Mais le Pape Jean-Paul II se fait attendre. Des milliers de personnes trépignent. Une heure plus tard, bénédiction du Pape, joyeux carillon de cloches, la grand-messe selon Jean-Michel Jarre peut enfin commencer. Jean-Michel Jarre est aux commandes de son vaisseau, petit point rouge qui gesticule au loin et saute de son synthétiseur à clavier lumineux à sa harpe laser. Déploiement de rayons verts sur lesquels il pianote. D’un coup, on est porte dans un autre univers. Destination: la galerie jarrienne pour un concert cosmique, planant, électrique et industriel. Comme pour son mégaconcert » de Houston, le capitaine Jarre a sorti sa batterie de lasers, ses effets spéciaux très « Guerre des étoiles », ses projecteurs type D.C.A., sa pyrotechnie sophistiquée. Le tout commandé par ordinateur et supervisé par une même équipe technique, Mais les projections différent. Pour Lyon, Jarre a choisi le thème de la communication. Des images de mains, de regards, de visages, de planètes, alternent en fondu enchaîne. Et puis le décor Iyonnais n’a rien à voir avec les buildings de Houston. Ici Jarre joue sur l’horizontalité.

:: Nuage magnétique ::
Les maisons s’éclairent par touches impressionnistes multicotores. Basilique et cathédrale s’embrasent, étincellent, comme des rubis qui ne demandent qu’à sortir de leur écrin pour faire une promenade au clair des étoiles, Surréaliste ! Changement de style. Du vert, du jaune, du bleu s’alignent comme sur une toile de Andy Warhol. Du pop’art pour pop star. Des faisceaux lumineux balaient l’horizon dans un french cancan endiablé du Moulin Rouge, Une, deux. Des feux d’artifice claquent, fouettent le ciel de toutes parts. L’air se gonfle d’Oxygène, d’Equinoxe, de Chants magnétiques, de Zoolook et du petit dernier Rendez-vous, Une musique qui habille ou déshabille I’espace, Aussi à l’aise dans les aéroports et les supermarchés que dans la nuit Iyonnaise. On flotte sur un nuage magnétique aussi confortable qu’un matelas de mousse pour s’enfoncer dans des profondeurs aquatiques. Bruits bizarres et variés: gargouillis, ondulations de vagues, chuchotements de robots, coups de tonnerre, envolées symphoniques rehaussées par les cuivres de l’orchestre de Lyon et les choeurs d’enfants de la Cigale de Lyon. La nuit fut magique, Plaisir de I’éphémère. Une nouvelle opération réussie pour le Lyonnais Jean-Michel Jarre.

00:00 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : coupure presse, 1986, lyon |  Facebook | | |

06 février 2014

Concert de Lyon, 1986 (Claviers magazine, 1/1/1990)

DIMANCHE 5 OCTOBRE 1986 : LYON Trois mille cinq cents projecteurs, douze projecteurs d’images géantes (6 000 W de puissance), vingt-deux projecteurs de poursuite, huit skytrackers, six projecteurs DCA géants, trois rayons laser, quarante mille bombes et des poussières, cent talkies-walkies, deux cent cinquante mètres cubes de sono (quarante tonnes). Lorsque le concert commence, on oublie la fiche technique. Fourvière se prend pour Cinecitta, et le pape écoute un instant, rêveur, les voix de «Zoolook». Les lumières créent une architecture immatérielle, soulignent des embrasures de fenêtres, les balcons, la pente d’un toit, rétagement des maisons, les pavés d’une ruelle. Peintures éphémères et poétiques qui alternent avec les projections d’images, véritables flashes de la mémoire collective. Pour le public, le spectacle s’étend sur plus de deux kilomètres de longueur et six cents mètres de hauteur. La scène proprement dite, inondée de lumières et fumigènes, est le centre d’un ballet de faisceaux qui partent trouer le ciel.
Deux chorales et les musiciens de l’Opéra de Lyon entourent les synthésistes, le percussionniste et Jean-Michel Jarre, place devant un imposant clavier semi-circulaire qui lui permet de commander certains effets de lumière et de pyrotechnie. Comme à Houston, tous les musiciens sont guides par des ordinateurs IBM XT, véritable régie informatique qui fait défiler le compte à rebours du concert et déclenche le moment précis des interventions de chacun, parfaitement synchronisées avec les effets de lumières. Ovation de la foule, éruption volcanique de la colline qui ruisselle de fumigènes, rythme infernal des artifices, dont les détonations couvrent parfois la sono et font vibrer les vitres et les murs. Lyon devient Verdun-sur-Saône le temps d’une soirée et le car de Channel 80, a la fin du concert, est secoue par le bouquet final… De «Zoolook» à «Rendez-Vous», des «Chants magnétiques» à «Equinoxe», la musique se fond en une osmose parfaite avec le spectacle visuel. On oublie les aléas du concert, le son qui rebondit parfois sur les quais, le niveau affaibli par la déconnection accidentelle d’une partie de la sono…

C’est la fête totale, sans lendemain, la fièvre d’un dimanche soir qui transfigure le quotidien, le bonheur d’un élan collectif où l’on acclame d’une seule voix le pape et le magicien. Le concert de Lyon, comme la Chine et Houston, est un mélange de professionnalisme extrême et d’improvisation débrouillarde. Le bricoleur rencontre l’ingénieur, les services techniques de la municipalité déploient les grands moyens, tandis que la force économique d’une région entière se mobilise pour sponsoriser un concert gratuit, défiant les critères habituels de la rentabilité et du show-business. Un « civic event » à la française…

00:00 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : lyon, 1986, coupure presse, claviers magazine |  Facebook | | |

05 février 2014

Concert de Houston, 1986 (Claviers magazine, 1/1/1990)

coupure presse,houston,1986


SAMEDI 5 AVRIL 1986 : HOUSTON, TEXAS Dans la journée, rien de spécial, la grande ville vaque à ses occupations, respectant les interdictions de circuler qui font du centre un no man’s land où s’agitent deux cent cinquante Français, empêtrés dans les câbles audio et MIDI, les galères techniques de dernière minute, les écrans géants à protéger du vent, les dernières fusées d’artifice à monter en haut des buildings. Chacun à son poste, et les techniciens américains, un peu sceptiques au début, sont progressivement gagnés par cet esprit français où se mêlent le bricolage, l’audace, l’enthousiasme et une certaine forme d’inconscience… Vers 19 h, alors que les musiciens s’habillent dans leur Q.G., Jean-Michel regarde par la fenêtre et lance à Dominique Perrier. « Tiens, tu as amené de la famille ? » La foule arrive, par vagues, sous la lumière du soleil couchant de cette journée de printemps, et avance vers les gratte-ciel, comme pour quelque cérémonie primitive… Rendez-vous à Houston: une ville en concert. Un concert pense et écrit comme un film, une succession de plans visuels plus que de morceaux musicaux. Un montage de tableaux, un crescendo d’émotions, un voyage dans la mémoire américaine, du crash de Challenger au sourire de Kennedy, du mythe de l’Ouest à la Statue de la Liberté. Une synchronisation rigoureuse enchaîne le son, les feux d’artifice, le ballet des projecteurs de DCA et les images géantes sur écrans de deux cents mètres de haut. L'ère du MIDI coexiste avec les vestiges de l’analogique, les time codes jouent au Ping-Pong avec les horloges des VCS et autres ARP. Gigantisme à l’américaine dans une production que seuls des Français pouvaient réussir. Comme la Concorde, Houston échappe au modèle du concert classique : la scène et les musiciens ne sont pas nécessairement le point de mire des regards, le spectacle est dans la ville, dans le ciel, dans la foule, il est éclate en une multitude de points de vue, éloignés ou rapproches, du pied des tours de verre à l’autoroute périphérique, qui connaît d’ailleurs pour l’occasion son plus bel embouteillage depuis des lustres.

A Houston, Jean-Michel métamorphose un centre ville, des buildings qui sont l’emblème d’une certaine modernité américaine. De ce paysage de bureaux, de banques et de centres d’affaires, il fait, le temps d’une soirée, un écran onirique et merveilleux, un univers de volumes, de couleurs et de lignes de lumières, de reflets et d’images. La musique a changé. Elle a été conçue pour ces grands espaces ouverts, pour respirer et planer au-dessus de la foule : amples mouvements symphoniques, refrains populaires et immédiats, association du son et de l’image, avec l’utilisation spectaculaire de la harpe laser, mélange des sons synthétiques et des voix humaines, des séquences mécanisées et d’un saxophone émouvant, mise en scène baroque et déploiement hypertechnologique. Même les partitions défilent sur les ordinateurs, grâce à Jean Poncet. Michel Geiss, Francis Rimbert, Christine et Sylvain Durand, Dominique Perrier, Pascal Lebourg et Kirk Whalum entourent Jean-Michel, grand prêtre d’une grand-messe technologique où tout peut arriver. Surtout l’imprévu, comme ce fragment de cartouche de feu d’artifice qui atterrit en pique sur un clavier, entre deux touches, et provoque un son continu qui passe dans la sono et les casques de retour…

00:00 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : houston, coupure presse, 1986, claviers magazine |  Facebook | | |

08 mars 2013

Quelques opinions sur Rendez-vous

Pochette de l'album Rendez-vous de Jean Michel JarreVoici une sélection d'opinions sur Rendez-vous recueillies sur Amazon.fr:

Opinion 1: Un album très émouvant, notamment les parties 2,3 et 6 (Ron's Piece). Dans cette dernière musique, hommage est rendu à Ron Mc Nair, astronaute mort lors de l'explosion de la navette américaine. Ce morceau devait être jouer dans l'espace, au saxophone. Quant à Rendez-vous 2, c'est une version améliorée d'une musique écrite en 1975 pour une chanson de Lenorman (La belle et la bête). D'autres parties de l'album (Rendez-vous 5) reprennent des morceaux de "Musique pour supermarché", le fameux album a pressage unique, vendu aux enchères, en 83-84.
Rendez-vous 3, joué à la harpe laser, est très émouvant.
On retrouve aussi le hit assez "guilleret" Rendez-vous 4, repris à de nombreuses reprises sous divers remix, notamment le "Rendez-vous 98" avec Appolo 440.
Cet album clot la première décennie de Jarre, sa meilleure période !


Opinion 2: Retour aux fondamentaux pour Jean-Michel Jarre : mélodies évidentes (Rendez-vous IV), et compositions ambitieuses, comme la II, qui vous scotche à votre siège dès la première écoute. En fait, il s’agit d’une composition à la John Williams, qui n’est pas sans évoquer «La Guerre des Étoiles», par ses bruitages homériques. On peut détester ses chœurs numériques, mais cet album est un concept, rappelons-le. Le reste manque un peu de profondeur. À mon humble avis, le son ne vieillira pas aussi bien que le reste des albums de Jarre. En revanche, Rendez-vous VI est un de mes morceaux préférés tout court : De généreuses nappes de synthés mises en valeur par un saxophone du plus bel effet. Une superbe alchimie.
Pas le meilleur album donc, mais de belles idées au service d’une musique «visuelle».


Opinion 3: Après une mise en oreille planante sur le premier mouvement, on entre de plein pied dans le morceau suivant en prenant une baffe énorme. ce pavé de dix minutes est un digest de ce que Jarre sait faire de mieux, avec différents instruments comme cette harpe-laser qui produit des sons superbes... Puis vient le hit "Rendez-Vous 4", l'un des morceaux les plus populaires du français. Une vraie réussite.


Opinion 4: Au sommet de sa renommée, auréolé de succès avec son album précédent ("Zoolook"), Jarre délaisse pourtant ce qui vient de faire sa réussite en 1984 : les chants ethniques. Il revient à une musique totalement instrumentale et pond l'un de ses meilleurs disques.
Totale nouveauté? Pas vraiment, puisque JMJ a recyclé certaines vieilles idées utilisées pour Gérard Lenorman ("La Mort Du Cygne" pour "Troisième Rendez-Vous" puis "La Belle Et La Bête" pour "Deuxième Rendez-Vous") ainsi qu'un bout de "Musique Pour Supermarché" pour "Cinquième Rendez-Vous", mais l'album n'ayant été pressé qu'à un seul exemplaire, la qualité des copies pirates ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur l'oeuvre.
"Premier Rendez-Vous" est un morceau tout en nappes, relaxant, intriguant et sera réutilisé dans la seconde partie de "Deuxième Rendez-Vous", pavé de plus de dix minutes au premier thème ahurissant qui popularisera sur scène l'utilisation de la harpe-laser, également utilisée dans le mélancolique "Troisième Rendez-vous". Le hit de l'album, "Quatrième Rendez-Vous", est un morceau tubesque à la mélodie parfaite. L'album atteint son paroxysme sur l'ultime titre qui devait voir figurer au saxophone l'astronaute Ron Mac Nair, décédé dans l'explosion de la navette Challenger en janvier 1986.
Toujours aussi réussi vingt-cinq après sa sortie, "Rendez-Vous" est un passage obligé pour les fans et les béotiens!

00:00 Publié dans Albums / Opinions | | Tags : rendez-vous, 1986 |  Facebook | | |