15 décembre 2013
Télé Poche revient sur l'enfance de Jean Michel Jarre (1/12/1988)
S’il voulait, il pourrait mettre sa vie en musique. Avec, à son côté Merlin l’enchanteur, ce serait sûrement un beau spectacle. L’histoire s’achèverait sur les accords de cent synthétiseurs. Il aurait 88 ans. On raconterait le succès, les millions de disques vendus, la renommée mondiale, les concerts-chocs. A Pékin, Paris, Houston, Lyon et, récemment, dans les docks de Londres.
Un beau conte de fées, commencé il y a quarante ans. A l’occasion de son "Avis de recherche", Jean Michel Jarre se souvient. Les anecdotes, les copains, la famille, l’école… les souvenirs se bousculent pêle-mêle. Avec bonheur.
Installé à Paris avec sa mère, il retourne dans sa ville natale, Lyon, pour les vacances. C’est là que vit toute sa famille. "Des fenêtres, je voyais les cirques s’installer sur la place, les chapitaux se monter. Avec mon copain, Michel Canard, le fils du coiffeur, on allait voir les nains, les trapézistes, les clowns. Jarre et Canard, on faisait la pair".
Jean Michel passe aussi beaucoup de temps avec son original grand-père. Un normalien musicien et bricoleur qui, quand il ne joue pas du hautbois, invente le premier pick-up portable Teppaz. "Parfois, on allait jusqu’à Perrache à pied. Dans mon souvenir de môme, c’était une véritable expédition."
Les vacances achevées, Jean Michel reprend le chemin de la capitale. Là, il habite dans un petit deux-pièces de la banlieue sud. Ses parents ont divorcé quand il avait 5 ans. Son père, le compositeur Maurice Jarre, spécialiste de musique de films, part vivre aux Etats-Unis. Jean Michel ne le verra plus. Mais il refera sa connaissance à l’âge adulte. Depuis, ils se téléphonent une fois par an. "Nos rapports sont amicaux", dit-il.
A Paris donc, à Vanves, le petit garçon fréquente l’école communale. Dès l’âge de cinq ans, on lui apprend le piano. A sept, il faut le traîner aux cours de solfège. Il arrête deux ans avant de "reprendre volontairement", explique-t-il.
En ce temps-là, sa mère l’emmène chaque dimanche au "Chat qui pêche", à Saint-Germain-des-Prés. Elle y retrouve Mimi Ricard, une amie de la Resistance, qui s’occupe de cette boîte de jazz. "J’écoutais les trompettes, les saxos", se souvient Jean Michel. "Le jour de mes neuf ans, Chet Baker et Don Sheny ont joué pour moi. J’étais très impressionné".
Sa passion pour la musique naît à cette époque. Plus tard, au lycée Michelet, il crée son premier groupe "Les Mystères IV". "Nous avions 13-14 ans", dit-il. "La musique avait envahi ma vie. J’avais vendu mon train électrique aux enchères à Drouot pour me payer une guitare et un magnétophone. Parfois, ma mère cachait mes instruments pour m’obliger à travailler mes leçons". Cela ne l’empêche d’aller concourir à la foire de Paris avec ses copains musiciens et de remporter la finale devant "les Haricots Rouges". "On était très fiers", dit Jean Michel.
A l’âge de 16 ans, il s’inscrit aux cours de Pierre Schaeffer, le responsable du service de la recherche de la télé. "C’est lui qui m’a fait comprendre que la musique était le domaine des sons plus que celui des notes des accords et des harmonies. Dès lors, j’ai « mal tourné » en m’orientant vers la musique électronique".
La suite, on la connaît. A 20 ans, il compose "AOR" pour l’ouverture de l’Opéra de Paris. Il enchaîne avec des chansons pour Christophe, Patrick Juvet, Gérard Lenorman… Il sort un album Oxygène, huit millions d’exemplaires…
Son enfance, sa jeunesse, c’est déjà du passé.
"C’était bien, dit-il en souriant. Avec ma mère, nous vivions modestement. Elle tricotait et j’entends encore le va-et-vient de la machine. Je crois que j’étais déjà un garçon un peu indiscipliné. J’aimais faire les quatre cents coups".
Article rédigé par Margot Real
15:09 Publié dans Interviews / Presse |
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14 août 2013
Interview d'Hélène Dreyfus sur les débuts de Jean Michel Jarre (1990)
Interview à Claviers magazine en janvier 1990 de Hèlène Dreyfus, étudiante au GRM en septembre 1968, et qui a accompagné les premiers pas de Jean Michel Jarre quand il s'est mis à vivre de sa musique.
Quel était son travail au GRM?
Hélène Dreyfus : Le musée de l’Homme nous avait confié un stock de bandes de musiques ethniques. En les recopiant, on les a écoutées. Jean Michel s’est passionné pour la voix plus que pour les instruments. On avait chacun notre stock de bandes, mais lui s’appropriait toujours les bandes de voix. On ne parlait pas en termes de notes, mais d’amas de sons, d’objets sonores. Il disséquait ces voix et a découvert une matière sonore nouvelle, bien avant qu’on ne parle de métissage, d’échantillonnage. Zoolook est la continuation de ce travail.
Il a découvert les premiers synthétiseurs au GRM?
H.D. : Il y avait un studio avec le grand Moog, réservé aux compositeurs établis : François Bayle, Guy Reibel, Parmegiani. Au bout de deux mois, Jean Michel travaillait déjà dans ce studio. Ce qu'il a sorti du Moog au bout de cinq minutes, c'était de la musique, alors que les autres faisaient beaucoup plus "cric, crac, boum!". Pour lui, c'était instinctif. Je pense que Parmegiani et Bayle l'ont laissé faire parce qu'ils l'ont quand même reconnu comme un vrai musicien. Jean Michel a pris des années d’avance sur les autres au GRM. Nous on était dans de petits studios avec deux ou trois magnétophones à quatre pistes, et on se débrouillait avec nos bandes et nos ciseaux : "Je te coupe un son, etc." On devait faire des compositions qui n’excède pas cinq à six minutes. La première fois que Jean-Michel a présenté une œuvre, c’était superbe. Pierre Schaeffer a dit : "Mais vous composez comme votre père!". Il s’amusait à prendre les voix, à les mettre sur d’autres pistes, couper dans un son pour pouvoir l’intégrer dans un autre.
Jean Michel quitte ensuite le GRM…
H.D. : Il a eu alors son petit studio chez sa mère, où la table de mixage était faite dans une boîte à chaussures : il y avait trois Revox (photo ci-contre). C'était une époque de débrouillardise… Il retravaillait les voix comme des objets : elles offraient un matériel sonore différent de celui des signaux électriques, beaucoup plus riche et complexe. Dès le départ, il cherchait à moduler, à avoir des nuances, de l'expressivité. C'était très difficile avec les machines de l'époque, avec les ciseaux, ce n'était pas évident non plus. Il a aussi acheté le VCS-3. Grâce au GRM, il a eu accès à un matériel unique. Il a appris dans les meilleures conditions à utiliser cet appareillage. Il a toujours manifesté une grande reconnaissance envers Pierre Schaeffer, son seul maître, mais on ne s'est jamais enorgueilli, par la suite, au GRM ou à l'IRCAM, d'avoir accueilli Jarre parmi les gens qui ont travaillé dans ces institutions.
En 1971, Jean Michel réalise A.O.R.…
H.D. : Schmucki a demandé à Jean michel d'écrire la musique pour son ballet, lors de la réouverture de l'Opéra. L'électronique entrait dans le temple de la musique classique. C'est la première chose qu'il a faite dans son studio, avec sa boîte à chaussures et ses Revox. À l'Opéra, ce fut le scandale parmi les musiciens de la fosse, qui ont ouvert des bouteilles pendant les représentations et débranché les haut-parleurs. Ils riaient carrément de lui. Les danseurs, eux, étaient très contents : c'était une musique qui se dansait. Je me souviens de la générale : ce fut une vraie bataille d'Hernani!
Puis sont venus les premiers disques…
H.D. : Jean Michel a fait La Cage, un succès très mitigé… Cette musique-là, à l'époque n'intéressait pratiquement personne… Il a récidivé, en faisant un disque avec Samuel Hobo. À ce moment-là, j'ai commencé à travailler avec Francis Dreyfus. Je pensais que Jean Michel devait signer un contrat, avoir une mensualité importante pour acheter du matériel et passer à un autre stade. Francis Dreyfus a compris cela. Il avait une exclusivité sur les œuvres de Jean Michel, mais ne l'a jamais pressé à sortir quoi que ce soit.
Jean Michel a composé une disque superbe de musique d'environnement, Deserted Palace. Puis Francis a engagé la production d'un trente-trois tours avec Christophe. Il n'y avait pas de parolier, j'ai donc proposé Jean Michel. Cela a donné "Les Paradis perdus"… C'est ainsi que tout a commencé…
Propos recueillis par Christian Jacob
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18 janvier 2013
Emission poursuite (1986)
À quelques jours de son concert géant à Lyon en 1986, Jean Michel évoque la préparation de celui-ci, ainsi que le Lyon de son enfance.
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08 novembre 2012
Interview à C'est la vie (Antenne 2, 1987)
Cette émission d'Antenne 2 le 11 juin 1987 permet aux téléspectateurs d'en savoir un peu plus sur l'enfance lyonnaise de Jean Michel Jarre et son démarrage dans la musique, avec des images d'archives assez rares pour être souligné.
Il est interrogé par Virginia Crespeau et le concert de Lyon passera sur la même chaîne le soir même.
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