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04 février 2014

Premiers concerts en chine, 1981 (Claviers magazine spécial Jarre, 1/1/1990)

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OCTOBRE 1981 : REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE Deux ans d’efforts, de négociations et de préparation se concrétisent lorsque Jean-Michel Jarre, son équipe et quinze tonnes de matériel se posent sur la piste de l’aéroport de Pékin. Plus que des concerts, une aventure; plus qu’une tournée, un concept, pensé dans ses moindres détails techniques comme dans ses implications sociopolitiques. Rencontre de l’Occident et de l’Extrême-orient, des années laser et du XIXe siècle, des computers et de la bicyclette. Vingt mille personnes sur les gradins du Palais des Sports de Pékin. Les blocs noirs de la sono dominent les flight-cases rouges des synthés et se mêlent aux poutrelles métalliques qui soutiennent les éclairages. Le set up scénique a été pensé par Mark Fisher , qui a aussi mis en scène le megashow du Pink Floyd, « The Wall ». C’est l’un des concerts les plus ambitieux de l’époque, par l’ampleur de l’infrastructure technique, la complexité des écritures laser programmées par la société MDB, et surtout le pari technique de jouer live une musique écrite ne se prêtant guère aux improvisations modales et informelles de la scène électronique européenne. II s’agit d’interpréter «Oxygène», «Chants magnétiques» et «Equinoxe», d’adapter la création de studio aux contraintes scéniques d’un véritable groupe et d’une technologie nouvelle. Sur scène, Jean-Michel au Fairlight et aux VCS 3, à l’OBX 3, à l’Elka, à l’Eminent et à la harpe laser, mélange kitsch du matériel le plus récent avec des ancêtres d’un âge déjà respectable. Le mur d'expandeurs et de programmeurs RSF, spécialement construit pour ces concerts avec des composants militaires, l’ ARP 2600 et les drums machines, c’est le royaume de Frederic Rousseau, jeune démonstrateur de Music Land, qui pilote toutes les séquences avec le MDB Polysequenceur : le synthétiseur modulaire classique avec l’un des séquenceurs les plus performants de l’époque (interface cassette pour sauver les programmes !). Le gars qui saute en l’air avec une casquette sur le nez, c’est Dominique Perrier, qui s’éclate sur son Moog Libération pour des solos mémorables, mais va aussi parfois s’asseoir sagement derrière un Prophet 5, un Eminent ou un Korg Polyphonique, voire un monophonique Kobol, fabrique par la société française RSF…

Celui qui tape comme un malade sur sa batterie électronique Simmons, même quand elle est débranchée, c’est Roger Rizzitelli, plus connu sous le nom de Bunny, qui continue aujourd’hui encore à s’éclater, devant les clients de sa pizzeria, en jouant des drums sur la musique de Jean-Michel… II y a dans la musique de ces « Concerts en Chine » une dimension rock; une énergie tout à fait particulière. La batterie live fait swinguer les séquences au gros son analogique, les polyphonies décollent avec les effets sidéraux des vcs 3 et du Fairlight. Le coeur des synthés palpite d’émotion devant la foule sidérée, tandis que résonnent les sons d’un orchestre traditionnel chinois. La poésie contre la technique: quelques heures avant le concert et pour ne pas déranger quinze chaises, les Chinois demandent que l’on déplace de quarante mètres la régie technique, ses tables de mixage et ses cablages. Une heure de palabres pour dire non. Quelques heures avant le concert, il n’y a toujours pas d’électricité et le public qui entre interrompt la répétition qui venait de commencer. . . Les sautes de tension maintiennent un suspense intéressant pendant tout le show: les computers seraient-ils des grille-pain et vont-ils faire sauter les plombs ? Choc des cultures: après le premier morceau, les musiciens s’arrêtent. Silence dans la salle, panique sur scène: pas un applaudissement ! Ce n’était pas la galère du siècle, mais le syndrome de la musique classique, les seuls concerts connus du public chinois : on n’applaudit pas entre les mouvements d’une symphonie ! Choc des mentalités : alors que les caméras d’ Andrew Piddington s’apprêtent à balayer la salle archi-comble, les officiels exigent un cachet de figurant pour chaque spectateur chinois filmé. . . L ‘ équipe technique doit également négocier d’arrache-pied pour pouvoir fumer à l’intérieur du stade et boire autre chose que de l’eau chaude, comme les Chinois ! Shanghai : les concerts les plus fous dans la vaste nef circulaire. Les lasers de Claude Lifante se déchaînent et n’en finissent pas de calligraphier la voute du toit. La sono prend de la voix, les ingénieurs font rougir les vumètres… Les solos se durcissent, les drums explosent. Premier rappel. La salle hurle, piétille, bras en l’air. Deuxième rappel. Les murs tremblent. Troisième rappel : Chants magnétiques… Champ de mines, plutôt: l’émeute n’est pas loin…

02 février 2014

Grand ordonnateur de la "Nuit électrique" de Chine (1/11/1981)

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Près de vingt mille personnes ont assisté, mercredi soir, au Palais des Sports de Pékin, à I’événement musical le plus insolite de l’année. Le premier concert de la tournée qu’effectue actuellement Jean-Michel Jarre en Chine. Sur la scène, quinze tonnes de matériel divers, les synthétiseurs les plus sophistiqués unis à d’impressionnantes batteries de lasers ; une scénographie conçue par Mark Fisher, I’un des spécialistes du genre (c’est lui qui avait créé The Wall pour les Pink Floyd) et trente-quatre musiciens chinois avec des instruments traditionnels.

L'annonce du concert avait fait sensation dans Pékin : trois jours auparavant, des spectateurs avaient fait la queue toute une nuit devant le guichet de vente des billets. Et tout ce que la capitale compte de jeunes fascinés par la musique occidentale (et ils sont nombreux) était en émoi. Le grand soir venu, pourtant, c’est en bon ordre et sans bousculade qu’ils vinrent se plonger dans cette Nuit électrique (c’est le titre donné par Jarre à son spectacle). On eut droit d’abord à une présentation en règIe par une jeune beauté chinoise en longue robe de mousseline blanche, venue donner le mode d’emploi de ces merveilles de la technologie à l’usage des non-initiés. Puis ce fut une majestueuse ouverture rythmant l’entrée des musiciens, Jean-Michel Jarre le dernier, très élégant en smoking blanc, se plaçant sous une sorte d’auvent de néons. Le public retenait son souffle devant cette accumulation fantastique d’amplis et de claviers futuristes, clignotant dans tous les sens, tandis que s’installait un climat sonore lyrique, un peu monotone mais évocateur d’images simples. Très vite pourtant, la curiosité du début faisait place à l’ennui : on aurait aimé que cette musique trop jolie se fasse plus agressive ; que les effets saisissants du son tournant tout autour de la salle soient mieux maîtrisés, que les lasers soient plus présents.
La seconde partie s’ouvrait sur une confrontation passionnante : celle des synthétiseurs et des instrumentistes chinois placés sur de petites estrades en contrebas de la scène: trente-quatre étudiants du conservatoire national dirigés par un de leur professeur. Une écolière appliquée en robe de velours rouge, très «distribution des prix», préluda les premiers accords d’une mélodie classique, Chant nocturne dans des bateaux de pèche, sur un zheng, instrument triangulaire, neuf cordes poses sur deux supports qui rappelle à la fois le dulcimer et la harpe. Des sons coulés, comme des glissements d’eau, amorcent le thème repris par les instruments: le violon chinois à deux cordes, la pipa qui rappelle par le son et la forme la guitare des griots africains ; de très curieuses orgues à bouche et d’autres instruments plus familiers aux Occidentaux, notamment plusieurs violoncelles.. On peut déjà parier que ce morceau, s’il fait comme c’est prévu l’objet d’un disque, est destiné à devenir un must pour les illustrateurs sonores. Un autre grand moment fut l’apparition de la laser-harpe, fabuleux instrument inédit, qui produit à la fois des rayons lumineux et des sons, et dont Jarre joua debout, obtenant des effets étonnants. Cependant, comme la soirée se prolongeait, le public commençait à manifester quelque agitation. A Pékin, les spectacles se terminent tôt, et pour cause : la plupart des autobus cessent de fonctionner vers 22h30. Et dans cette ville étalée, ceux qui rentrent à vélo ont parfois de très longues distances à couvrir. Quand on pense de plus que, dans les administrations comme dans les bureaux, on travaille ici dès 8 heures du matin, on comprendra pourquoi, malgré la fascination de cette Nuit électrique, les spectateurs se mirent peu a peu à se diriger vers Ies portes de sortie où le service d’ordre faisait un barrage. Le concert s’acheva dans une salle à demi-pleine, sous des applaudissements énergiques mais peu prolongés. Plus tard dans les loges, en sablant le champagne, Jean-Michel Jarre reconnaissait que ce premier concert était en réalité une répétition générale. Son pari n'est pas encore gagné ; mais il n’est pas perdu, loin de là, la télévision et la radio de Shanghai comme de Pékin ont demandé à rediffuser l’événement. Et pour le second concert comme pour les suivants, les salles seront pleines ; on parle : même d’une soirée supplémentaire ; à Shanghai. On peut donc attendre sans trop ,d’inquiétude les prochaines Nuit électrique.

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26 janvier 2014

Jarre en direct de Pékin (France Soir, 22/10/1981)

Jeudi 22 octobre, 20 heures : les auditeurs d’Europe numéro 1 seront en direct avec Pékin, au concert que donneront Jean Michel Jarre, 3 musiciens français et 34 musiciens chinois devant 25.000 spectateurs. Ce concert représente pour les Chinois la plus importante manifestation culturelle venue de I’étranger et une rencontre entre la musique traditionnelle chinoise et les synthétiseurs. Les Français pourront suivre cette grande première.

:: 14 tonnes de matériel ::
Jean-Michel Jarre, lui, est arrivé là-bas il y a cinq jours avec ses quatre musiclens, vingt-six techniciens et 14 tonnes de matériel pour son concert-spectacle qui a lieu ce soir (retransmis par Europe 1) dans un stade devant 30 000 personnes. Il va rester 17 jours en Chine, le temps de donner trois autres concerts et un quatrième de plus en plus fort – dans le stade du vieux Shanghaï qui contient l00 000 spectateurs. On lui a assuré qu’il serait bourré…

Avant son départ, il m’ a montré les posters (les premiers depuis la révolution culturelle) qui prendront la place qu’occupait jadis le potrait de Mao. On y voit, en couleurs vives, Jarre et ses longs cheveux, la tour Eiffel et la Grande Pagode. Subjugué par la Chine, il m’a raconté comment il avalt fait en un an trois voyages préparatoires, avec conférences dans les universités sur la musique contemporaine. Rencontrant des musiciens chinois, il a été sidéré par leur faculté d’assimilation » ; il a laissé en cadeau le premler synthétiseur que l’on voyait en Chine pour le Conservatoire de la ville.

« De mon côté, j’ai découvert leurs instruments traditionnels. Empruntant une de leurs mélodies populaires, j’ai fait une symphonie utilisant leurs luths, leurs violes et le dcheng, sorte de cymbalum. Ce sera une partie de mon concert joué par 34 musiciens chinois… Un soir, j’ai assisté au premier concert symphonique donné depuis la révolution culturelle qui avait interdit tous insrtuments occidentaux. Les pianistes qui avaient voulu passer outre ont été atrocément punis : on leur broya les mains. »

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19 janvier 2014

500 millions de Chinois et lui, et lui (VSD, 29/10/1981)

Accompagné de sa mère, de Charlotte Rampling, de 65 musiciens et techniciens, le créateur des «Chants magnétiques» a étonné les pékinois qui ont décidé de diffuser le concert à la radio (500 millions d’auditeurs) et à la télé (30 millions de téléspectateurs). Evidemment le Stade des ouvriers de Pékin, ce n’est pas le Golf Drouot au temps houleux du yé-yé : iI n’y a pas eu de chaises cassées lors des deux concerts que Jean-Michel Jarre a donnés devant les chinois. Mais ce fut cependant un sacré succès pour le créateur d’Oxygène et des Chants magnétiques en particulier, et pour "la musique décadente occidentale" en général qui pour la première fois franchissait les portes de la Chine éternelle et communiste. Les spectateurs avaient commencé à se masser en pleine nuit devant le stade pour attendre I’ouverture des guichets à 9 h 30 du matin. Au total, quarante mille billets vendus à 1 yuan pièce (environ 3 francs sur lesquels I’artiste ne touchera aucun pourcentage. Il est I’invité du ministère de la Culture chinois qui a pris en charge tous les frais de I’équipe à partir de sa descente d’avion.
Jean-Michel Jarre n’avait lésiné ni sur l’apparât ni sur l’appareillage iI a débarqué avec 12 tonnes de matériel, trente synthétiseurs, trente-cinq amplis, cent vingt haut-parleurs. des instruments hyper-sophistiqués comme la harpe aux cordes en rayons laser, une batterie électronique de 2 centimètres d’ épaisseur, un écran de tulle pour des projections laser d’idéogrammes chinois, etc. Et le public a été conquis par surprise car si la Chine des mandarins a inventé le feu d’artifice, les enfants de Mao ne connaissaient pas le laser. Du coup la télévision (trente millions de téléspectateurs) et la radio (cinq cents millions d’auditeurs) ont décidé de retransmettre le concert, et les autorités ont prié le musicien de bien vouloir ajouter un troisième récital à Shanghai aux deux initialement prévus.

Jean-Michel Jarre a donc gagné son pari. Au prix de pas mal de péripéties… D’abord l’équipe du musicien comptait finalement soixante-cinq personnes au lieu des trente convenues à l’origine. Or à Pékin il n’y a que six grands hôtels qui sont déjà pleins à l’année avec les délégations politiques étrangères et les cadres des grandes sociétés internationales. Alors, rien que pour loger les techniciens supplémentaires, ce fut une gageure. Ensuite les autorités ne comprenaient pas pourquoi Jean-Michel Jarre insistait pour se mettre à répéter dans le stade dès son arrivée, quatre jours avant le premier concert. Il fallut de délicates négociations pour faire ouvrir les grilles et installer le matériel.

Jean-Michel Jarre craignait surtout les problèmes d’électricité. Des raccordements spéciaux avaient été branchés sur le secteur. Il restait cependant des déperditions de courant terribles entre les prises et les appareils. Or un synthétiseur sans électricité, c’est a peu près aussi intéressant qu’une guitare sans cordes. Mais, à grands renforts de techniciens et d’interprètes, tout rentra dans l’ordre. Et les répétitions purent commencer. Jean-Michel Jarre, pour les vingt dernières minutes de son spectacle avait voulu s’entourer de trente-quatre musiciens du Conservatoire de Pékin, afin de faire le mariage de l’électronique et des instruments ancestraux chinois sur une mélodie traditionnelle Barques de pèche au soleil couchant. lIs s’étaient rencontrés en février dernier pour mettre au point le morceau. Ensuite ils avaient travaillé sur cassettes qu’ils enregistraient et se faisaient passer par l’entremise de l’ambassade de France. II leur restait cependant à accorder leurs instruments sur scène.
Ce fut lors du spectacle le moment le plus applaudi, sans doute parce que le public, d’abord ébahi par cette débauche de sonorités électroniques, se retrouvait enfin en pays de connaissance. Et si de nombreux spectateurs se levèrent avant la fin, ce ne fut pas par ennui. Mais simplement parce que le dernier bus pour le centre ville quittait le stade à 22 h 30.

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03 janvier 2014

Jarre donne son 'Oxygène' à la Chine (12/1981)

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Comme un cosmonaute qui descend de son Lem, Jean-Michel Jarre, un mois et demi apres son retour de Chine, est encore « sonné ». Mais avec les soixante personnes qui accompagnaient le premier groupe occidental à s’être produit en Chine, il a reçu le choc de deux civllisations aux concepts et à la philosophie si différents, si éloignés; qu’eIles évoquent l’une pour l’autre bien des mystères et suscitent bien des fascinations. Grâce à lui une porte s’est entrebâillée à un échange culturel plus fréquent. Les Chinois aimaient Brahms. Après Beethoven et Ravel, Jean-Michel Jarre est leur dernier musicien connu. Pour ceux qui n’ont pas suivi son étonnante odyssée au pays du lotus bleu, Jean-Michel Jarre prépare une carte postale musicale, un double album, un livre et un film.

:: Sensible ::
De la cave de sa maison de Bougival, dans son studio d’enregistrement, l’archange du synthétiseur mixe jour et nuit. Dans son shaker, électronique, il module le dosage exact des meilleurs moments de ses concerts de Pékin et de Shangai. Il y coule les sons des pousse-pousse bien huilés, les claquements de baguettes, des rires de petites filles à nattes d’ébène, pour nous offrir un cocktail explosif couleur rose, jaune et vert pastel comme le ciel, la terre et les maisons de là-bas. Il se nommera « La Chine selon Jean-Michel Jarre » et il risquera de faire tourner nos têtes. Alors qu’Elton John, les Rolling Stones, les Pink Floyd trépignaient de desir de donner des concerts au pays de Mao se sont cassé dix fois les dents sur une muraille de refus, Jean-Michel Jarre s’est armé d’une patience orientale pour dérocher sa lune. Durant trois ans, au cours de trois voyages. Les Chants magnétiques, Equinoxe, Oxygène, un petit synthétiseur sous le bras, il a donné des conférences et des mini-concerts dans les universités et au conservatoire de musique de Shangaï et, miracle, il a fini par magnétiser les autorités. Elles lui ont dit oui. Alors, les publicitaires chinois ont conçu une campagne : les murs de Pékin et de Shangaï, quelques semaines avant le grand événement, se sont couverts d’affiches. On y voit Jarre, le romantique, au clavier électronique, inspiré, la Tour Eiffel flirter avec la Grande Pagode. Puis, Jean-Michel Jarre a préparé ses concerts : « Je ne voulais pas donner des représentations banales, jouer mes morceaux et au revoir. J’ai composé de nouveaux morceaux et j’ai répété avec un orchestre symphonique de trente-quatre musiciens chinois. » A sa symphonie synthétique se mêlent violons à deux cordes, luths et flûtes chinoises. Un point sensible de plus a été touché et le Tibétain Panchen Lama Erdeni, vice-président de l’Assemblée nationale populaire, choisi par Deng Xiao Plng pour le représenter, il en pleure de jole. Il n’était jamais apparu en public depuis qulnze ans… Une grande partie des spectateurs, est venue à bicyclette et a payé sa place l’équivalent d’une semaine de salaire. L'assistance, débordée d’enthouslasme, tape des mains, danse, saute, en réclame encore. Et Jarre, qui va jouer avec un petit synthétiseur dans la foule, est énergiquement reconduit sur scène. Simultanément, à la radio, cinq-cents millions d’auditeurs, cent trente millions de téléspectateurs, voient l’immense spectacle aux lasers. C’est la rencontre de deux mondes, la séduction, l’enthousiasme, le délire. Jarre est devenu une idole en Chine. Si Jean-Michel Jarre est «sonné», c’est parce qu’il a vécu là-bas une drôle de relation avec le temps. J’al vu un malade transporté par sa famllle en charrette à l’hôpital pour se faire opérer au laser, Au bout de deux jours, nous avions ôté de nos poignets nos montres. Là-bas, le temps coule doucement.

:: Une longue convalescence ::
Après dix ans de Persécution, la Chine est encore meurtrie d’une révolution culturelle qui broyait les doigts des pianistes, brûlait les pianos, bannissait tout ce qui était étranger parce que décadent. Elle se relève aujourd’hui d’une longue convalescence. Sous Mao, sept disques que tous connaissaient par coeur étaient autorisés, inspirés de la musique traditionnelle. Sous la «Bande des quatre», tout ce qui était ancien devenait féodal, étranger, bourgeois. Le conservatoire de muslque de Shanghaï qui a été fermé pendant sept ans se ranime aujourd’hui. Quatre cents professeurs et huit cents élèves y jouent Brahms, Beethoven, Chopin. Dans certaines pagodes, avec les vapeurs du saké et le fumet des rouleaux de printemps, le goût aigre-doux d’une vie tissée de pureté, de courage et de recueillement, filtre à travers les paravents, de la chaîne stéréo, le Boléro de Ravel… En fixant l’équinoxe d’or, un paysan s’en va aux champs avec sous son chapeau rond un walkman que son cousin lui a ramené de Hong-Kong. Son pas est rythmé par Les Chants magnétiques. C’est Jarre qui lui a donné la cassette.

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