16 août 2013
Interview de Michel Geiss (1990)
Michel Geiss a été le principal collaborateur artistique et technique de Jean Michel Jarre entre 1976 et 1994. ll répond à une interview du numéro spécial Jarre de Claviers mgazine de janvier 1990.
D'où sont venus les instruments que tu as fabriqué pour Jean Michel?
Michel Geiss : "Des idées sont nées de notre rencontre, comme celle du Matrisequencer 250, que j'ai réalisé plus tard en 1978, et que Jean Michel aime toujours utiliser dans ses compositions. Il y a eu aussi ma réalisation du Rythmi-computer, une boîte à rythmes complexe, programmée par microprocesseur, avec des sons électroniques que j'avais spécialement fabriqués. Tel a été le point de départ de notre longue association, qui m'a permis de collaborer aux projets de Jean Michel à différents niveaux, depuis Oxygène."
Peux-tu nous parler du Matrisequencer?
M.G. : "Il n'en existe qu'un seul. Ce n'est pas un simple bricolage, mais un instrument complet. Cet instrument est né d'une idée de Jean Michel, qui, au GRM, avait expérimenté le travail avec des matrices et des fiches. Il s'agit d'un appareil très particulier, puisqu'il permet de programmer des séquences en branchant des fiches sur une plaque percée de trous (une matrice). Cet instrument permet une approche très originale de la programmation, grâce à son aspect visuel."
Quelle est la nature de ton travail avec Jean Michel Jarre?
M.G. : "De tous ses collaborateurs, je crois être celui dont la vie a le plus changé : j'ai même changé de métier. Mon métier actuel, même s'il découle de ma formation antérieure, je l'ai réellement appris lors de mon travail avec Jean Michel. J'ai peu à peu pris mes distances avec l'électronique pure, après avoir vécu certaines aventures technologiques, comme la réalisation de la console de gravure automatique de Dyam Music, des automates complexes, une pendule musicale pour l'émir de l'état d'Oman (!) et des génériques pour la TV… Mais maintenant, je suis plus impliqué dans la réalisation des disques et des concerts de Jean Michel, où je suis musicien à part entière. Mon travail va de la programmation de sons sur les synthétiseurs à la prise de son en studio, de la postproduction vidéo sur les films des concerts à la surveillance de la qualité technique des retransmissions radio et télévision des concerts, de la qualité technique de fabrication des disques, cassettes, vidéos, des contacts avec les musiciens, de la recherche de nouvelles techniques pour le studio ou les concerts, au travail sur les mixages des albums de Jean Michel ou d'autres artistes. Je travaille actuellement sur le Technos, une machine à synthèse additive révolutionnaire en provenance du Canada : on imagine les possibilités de création de sons à partir de 512 oscillateurs intégrés dans la machine. On dessine les sons avec le doigt. J'ai la chance d'avoir une activité diversifiée, donc enrichissante. Je vois les multiples facettes d'un métier en constante évolution. Ce qui m'a le plus passionné avec Jean Michel a été ma collaboration pour la réalisation de ses albums."
Comment se passait le travail en studio à l'époque d'Equinoxe?
M.G. : "On cherchait des sons, les idées étaient enregistrées au fur et à mesure. Jean Michel avait déjà enregistré des bases de morceaux sur le multipiste, le reste faisait partie de la recherche commune. Nous avons travaillé à deux. Pour Equinoxe, je me souviens de certains moments de magie, où l'on découvrait des atmosphères nouvelles. Je retrouve ce sentiment en écoutant le disque. On avait même installé un baquet d'eau dans le studio, on faisait de grosses bulles avec un verre, pour les enregistrer. On entend "bloup, bloup" dans le disque. On avait carrément les mains dans l'eau! Tout cela est très artisanal."
As-tu participé au mixage des Chants Magnétiques?
M.G. : "J'avais pu entendre le disque terminé au studio de gravure de Dyam Music et j'ai trouvé que le mixage du premier morceau de la face A n'était pas réussi du tout. Jean Michel s'en est rendu compte aussi. Il a demandé à Jean-Pierre Janiaud s'il pouvait refaire cela immédiatement mais Jean-Pierre avait déjà passé plusieurs nuits blanches de suite avec Jean Michel. Il a baissé les bras et dit : "Non, je ne peux vraiment plus, je suis trop épuisé!". Jean Michel s'est alors tourné vers moi : "On dort deux heures et on s'y met." Je suis donc allé dormir chez moi. pendant ce temps, il avait fait réparer la console qui avait un problème d'automation! On s'est mis devant les faders vers deux heures du matin, pour terminer à huit, juste avant d'apporter le master au studio de gravure. C'est ce mixage qui est resté sur le disque."
Avant les derniers albums, l'équipe s'est élargie… Comment se passent les séances de studio?
M.G. : "C'est tout à fait flexible. On a l'idée directrice de Jean Michel et on développe avec les moyens du studio. Il laisse s'exprimer les musiciens : on peut suggérer des idées et avoir une part de créativité. C'est difficile lorsque d'autres musiciens sont impliqués, mais on a un concept directeur. On n'aurait pas pu construire des cathédrales si les ouvriers avaient conçu chacun leur plan…"
00:00 Publié dans Portraits de collaborateurs |
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17 février 2013
Quelques opinions sur Les Chants magnétiques
Voici une sélection d'opinions sur Les Chants Magnétiques recueillies sur Amazon.fr:
Opinion 1: Son 3eme opus est également excellent, apparition du sampleur digital, sous la forme d'un fairlight, qui coutait sont pesant d'or a l'époque, puisque jusque là le sampling était produit par les bandes analogique des mellotrons,on note aussi l'aquisition par Jarre d'un synthé très convoité, l'Oberheim OB-XA qu'il utilisera beaucoup sur cet album comme par la suite.
Un rythme échevelé le timing est presque bancal sur chants magnétiques 1,
la séquence se présente sous un déluge de note, des sons glisse sur les tessiture (portamento) une ouverture magnifique (magnétique), dans la partie centrale de la première partie cela se calme et on entend un déluge de sons concret et des voix d'aliens des souvenirs de la bonne SF des seventies et autre bruit d'avion au décollage, les vagues sonore harmoniques sont splendides et nous replongent dans un nouveau rythme implacable surmonté d'un thème très évident qui se métamorphose jusqu'a la fin.
Chant magnétique 2 était le hit du disque, plus accessible, mais tout à fait fidéle a sa patte de composition. la suite nous emméne presque en chine (avant qu'il ne le fasse vraiment) un feeling étrange, bancal et presque world, sorte de transition qui nous ramène progressivement sur une séquence puissante dans la tradition Electronique - cet album et tout de même plus rythmé que Oxygène voir même Equinoxe qui l'était déjà bien quand même sur la seconde partie. Les rythme prennent leurs essorts.
Le train passe et efface la sequence et nous ramène vers la petite ritournelle populaire joué sur un de nos bons ancêtre d'orgue électronique. Un album électronique instrumental comme on peu l'aimer,
les samples digitaux première génération arrive, sa révolution continue. Essentiel dans une bonne discothéque.
Opinion 2: La première partie de cet album est pour moi le plus beau bijou qu'ait composé JMJ. 18 minutes d'évasion dans l'univers musical envoûtant de cet impressionniste du son. La mélodie rythmée entêtante du début laisse place au bout de 6 minutes à une atmosphère planante irréelle, où s'entremêlent voies synthétiques, bruits de passages d'avions à réaction, et sons étranges en tout genre, le tout survolé par une mélodie planante donnant une profondeur grandiose à l'ensemble. Bienvenue dans la galaxie Jarre ! Un dernier passage d'avion balaye le tout et fait démarrer net une troisième sous-partie à nouveau très rythmée nous sortant de l'hypnose ! D'autres passages mémorables sont à noter dans la suite de l'album, comme le point final fracassant de la 4e partie, le bruit d'un train lancé à grande vitesse sortant de nulle-part, éclipsant net la boîte à rythme. Que du bonheur !
Opinion 3: Ce disque, par certaines sonorités ressemble parfois à un mélange de "Oxygène" et de "Equinoxe". Pourtant, ce mélange donne quelque chose de totalement différents des précédents albums de J.M.Jarre
Une ouverture avec "Chants magnétiques 1" rapide, puis d'un calme assomant avant de revenir à quelque chose de plus bougeant. Le tout lance "Chants magnétiques 2", le morceau connu de l'album, à la mélodie foudroyante et d'une rapidité extraordinaire. "Chants magnétiques 3" et "Chants magnétiques 4" vont de concert. Le premier est un morceau assez énigmatique et berçant. Le second, avec sa sublime mélodie, reste dans la tête pour un bon moment. Enfin "Chants magnétiques 5" clot l'album par une rumba dont J.M.Jarre a le secret, tout en électronique et en mélodie sympathique.
Même si le disque est assez court (35 minutes), il vaut le détour. Et s'écoute aussi bien sans y faire attention, en fond sonore, qu'en écoute attentive et observatrice.
Opinion 4: Ce qui est bien avec Jean-Michel Jarre, c'est qu'il arrive à se renouveler à chaque disque, à créer un climat différent, à balader ses auditeurs dans un champ sonore toujours différent, toujours renouveler.
Avec ce troisième disque (si on ne compte pas les disques comme "Deserted Palace" ou "Les Granges brûlées" sortis avant "Oxygène" et qui n'ont eu aucun succès), Jarre accélère encore le rythme amorcé avec "Equinoxe" et quitte définitivement le style "planant"... la page des années 70 est tournée.
"Chants Magnétiques - partie 1", avec ses 18 minutes, est véritablement vertigineux. Il s'ouvre sur une partie très séquencée et rythmée, alterne passage rapides et lents, mélodiques et non-mélodiques. Pour la première fois, Jarre utilise le fameux Fairlight, un ordinateur musical australien novateur, premier échantillonneur de l'histoire, et dont il est un des tous premiers et fortunés possesseurs avec Peter Gabriel. Et cela s'entend : des sons "réels" (voix, contrabasse, jet...) mais déformés jalonnent tous les morceaux du disque. Une idée que Jarre poussera très très loin dans l'immense et fabuleux "Zoolook" de 1984.
Après un "Chants Magnétiques - partie 2" ultra-énergique destiné à faire vendre le disque (et accompagné du tout premier clip tourné par Julian Temple), la partie 3 revient à une atmosphère plus douce et calme, vraiment très belle.
La partie 4 redonne un peu de rythme avec une mélodie accrocheuse. Le disque se termine par une rhumba que Jarre annonce comme étant la dernière (après celles des deux disques précédents), mais qui aura une petite soeur dans "Oxygène 7-13" treize ans plus tard...
Bref, un disque magistral, plein d'énergie, plein de sonorités très variées, originales, novatrices (pour l'époque surtout) au service de mélodies fluides, entraînantes. Un grand Jarre, tout simplement, même si son chef d'oeuvre viendra plus tard...
22:55 Publié dans Albums / Opinions |
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31 décembre 2012
Les chants magnétiques 1 (1981)
Reprise en concert : Relativement souvent, mais que la première section du morceau. Le morceau n'a jamais été joué en entier.
Contexte : Extrait de Les Chants Magnétiques.
23:05 Publié dans Albums (Morceaux) |
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Les chants magnétiques 2 (1981)
Reprise en concert : Très souvent, avec un solo final rajouté à la fin (ou pas, plus rarement).
Contexte : Extrait de l'album Les chants magnétiques.
23:00 Publié dans Albums (Morceaux) |
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06 avril 2011
Les chants magnétiques (1981)
En 1981, la vague électro-pop déferle sur le Monde et sur la France. L'apparition intervenue à la charnière des années 70 de l'informatique musicale a permis d'ouvrir de nouveaux horizons avec plus particulièrement, le Fairlight, qui est le premier "sampler" moderne.
Jean Michel sera l'un des premiers en France équipé de cette machine australienne, qui permet de traiter la matière sonore enregistrée comme de la pate à modeler.
L'album est soutenu par des rythmiques implacables, sans que Jean Michel ait laissé de côté les longues transitions héritées d'Equinoxe ou d'Oxygène. Ainsi, les Chants Magnétiques 3 est une pure plage expérimentale, tandis que le dernier morceau de l'album est un air de rumba comme Oxygène 6.
Comme sur les albums de rock progressif, la première face du vinyl ne se compose que d'un seul et même morceau, que l'on peut décomposer en trois mouvement disctints. Le morceau Les Chants magnétiques 2 sera utilisé comme single, accompagné d'un clip délirant signé Julian Temple où Jarre parcourt le monde à la recherche d'un micro-processeur.
Pas satisfait du premier rendu de l'album, Jarre fit en une nuit un nouveau mastering avec Michel Geiss.
En deux mois, l'album se vendra à quelque 200.000 exemplaires rien qu'en France.
le nom de l'album, qui est une allusion à André Breton et au surréalisme, est traduit incidemment Magnetic Fields (Les Champs Magnétiques) sur les pressages étrangers.
Morceaux :
1. Les Chants magnétiques Part 1 : 17:49
2. Les Chants magnétiques Part 2 : 3:59 (+ d'infos)
3. Les Chants magnétiques Part 3 : 4:15
4. Les Chants magnétiques Part 4 : 6:18
5. Les Chants magnétiques Part 5 (La Dernière Rumba) 3:30
Durée totale : 35:31
Webshop, Note sur 10 et description courte
Quelques opinions sur Les Chants magnétiques
20:59 Publié dans Albums studio |
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