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06 février 2013

Extraits du Ballet AOR (1971) et autres expérimentations sonores

Je préviens tout de suite que nous ne sommes pas dans le monde cotonneux d'Oxygène ni même de Deserted Palace mais dans de la musique concrète de forme très libre (j'insiste sur le très). Deuxième avertissement : Ces extraits comportent des cris féminins à caractère sexuel.
Ne mettez pas le bruit de votre appareil trop fort !

Contenu : Extrait du ballet AOR et autres raretés de l'époque de la Cage / Erosmachine.

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12 janvier 2013

Interview de Jean Michel Jarre sur Pierre Schaeffer (2010)

Pierre schaeffer, jean michel jarre,harpe laser


Philippe Thanh: Comment avez-vous rencontré Pierre Schaeffer ?
Jean Michel Jarre: Après avoir été l'élève de Jeanine Rueff au Conservatoire de Paris et être passé dans quelques groupes de rock, j'ai intégré, fin 1968, le Groupe de recherches musicales où je suis resté un peu moins de trois ans. Cela a été déterminant pour mon avenir. Plus qu'un professeur, Pierre Schaeffer a été un véritable mentor pour moi : pour la première fois, j'étais en face de quelqu'un en train de penser la musique en termes de sons et non de solfège. L'époque - nous étions au lendemain de mai 1968 - était au rejet de la tradition et cet élan révolutionnaire prenait corps dans la pensée de Schaeffer.

Philippe Thanh: Après le GRM, vous composez un ballet pour l'Opéra de Paris...
Jean Michel Jarre: Il s'agissait d'Aor, une commande du GRCOP, le Groupe de recherches chorégraphiques de l'Opéra de Paris. La création en 1971 a fait un peu de bruit, au sens propre du terme : la moitié de la salle applaudissait, l'autre criait au scandale. C'était la première fois qu'on entendait de la musique électroacoustique au palais Garnier.

Philippe Thanh: Quinze ans après sa disparition, quelle influence conserve Schaeffer dans le monde musical ?
Jean Michel Jarre: Si aujourd'hui l'électronique est si largement répandue dans la musique, c'est à Pierre Schaeffer qu'on le doit. De ce point de vue, je regrette vraiment que son centenaire n'ait pas été plus largement médiatisé. Il n'a pas seulement réfléchi sur la musique concrète, mais aussi sur les médias de la musique qui font qu'aujourd'hui la même musique peut être diffusée partout, en même temps et de la même manière. Et des musiciens d'aujourd'hui, qui n'ont même jamais entendu le nom de Schaeffer, lui sont pourtant redevables. Ainsi, les DJ qui font des boucles sur des platines vinyle le doivent au "sillon fermé", lorsque, à la fin des années quarante, Schaeffer découvrit l'intérêt musical de la répétition à partir d'un 78 tours rayé.

Philippe Thanh: Aujourd'hui, en quoi êtes-vous toujours redevable à Schaeffer ?
Jean Michel Jarre: À mon sens, un artiste n'a qu'une seule chose à dire et, toute sa vie, il essaie de s'en approcher de manière obsessionnelle. En ce qui me concerne, j'ai toujours voulu faire le lien entre musique classique, expérimentale et pop, sans négliger l'aspect mélodique, et c'est à Pierre Schaeffer que je le dois. Il y avait chez lui un côté bricoleur, iconoclaste et en même temps une grande rigueur sur le plan de l'analyse des objets sonores qui m'inspirent encore aujourd'hui.


Lire aussi :
Les débuts de Jarre, par Jean-Yves Leloup (2000)
Jean Michel Jarre, jeunes années au G.R.M, par En Attendant Jarre

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21 décembre 2012

Interview de JMJ à Keyboards Recording (12/2010)

Salon de la musique, 2010


Revenu, littéralement, sur le devant de la scène à travers sa tournée mondiale lancée en 2010, Jean Michel Jarre bénéficie, 35 ans après Oxygène, d’un regain d’intérêt chez les artistes estampillés « musique électronique ». Le rencontrer, c’est parler à la fois de Pierre Schaeffer et de Koudlam, de synthés analogiques et de la version 9 de Pro Tools. La preuve.



Keyboards Recording : On a pu vous voir, mi-novembre, au Salon de la musique, Music & You. Quelle importance accordez-vous à un tel rendez-vous ?
Jean Michel Jarre : C’est, pour moi, une manifestation qu’il faut absolument soutenir : c’est l’un des rares moments de réunion du monde de la musique. Je trouve d’ailleurs dommage, et assez symptomatique de la France, du manque de reconnaissance de cet univers par les « autorités ». Prenez le Salon du livre, les festivals de cinéma, tous ces rendez-vous où l’on voit les ministres affluer, et là, personne ! C’est très révélateur d’un certain état d’esprit français par rapport à la musique. C’est d’ailleurs un problème qui commence dès l’éducation : alors que dans les autres pays européens, la musique est considérée comme une matière à part entière, au même titre que l’histoire-géo ou les maths, ici cela relève du système D.


KR : Ce qui est paradoxal, c’est que, dans le cadre de votre domaine, la musique électronique française bénéficie d’une certaine reconnaissance hors de nos frontières…
JMJ : Oui, il existe une vraie légitimité. Ce n’est pas un hasard si la musique électronique française est l’une des plus importantes au monde, elle a hérité d’un caractère qui lui est propre. Au mois de juin dernier, j’ai reçu un MOJO Award (cf Distinctions), qui m’a été remis par John Foxx (fondateur d’Ultravox, ndlr), qui a expliqué: «Lorsque j’étais plus jeune, en Angleterre, nous étions envahis par la musique américaine, et quand j’ai entendu votre musique pour la première fois, j’ai découvert quelque chose de fondamentalement européen, et cela m’a donné envie de faire autre chose, de créer Ultravox…» Je pense que c’est très significatif de la manière dont la France a généré une approche particulière de la musique… Et cela vient du fait qu’on a eu quelqu’un comme Pierre Schaeffer.


KR : On ne parle plus beaucoup de lui, pourtant…
JMJ : C’est vrai. Et c’est scandaleux que l’on n’ait pas fêté le centième anniversaire de sa naissance en 2010. Si nous étions aux États-Unis, il serait plus important que John Cage, Philip Glass et tous les musiciens américains réunis ! Ici, personne n’en parle… C’est lui qui a ouvert la voie, apporté une approche sonore de la musique à travers le sound design, en ne se limitant pas aux seuls aspects théoriques, au solfège, aux harmonies, etc.


KR : Le GRM (Groupe de recherches musicales), auquel vous avez participé, a joué un rôle particulier dans cette émergence ?
JMJ : Je sais que si je suis là aujourd’hui, c’est grâce au GRM (Article détaillé), et grâce à Schaeffer. La musique telle qu’on la fait aujourd’hui, où l’on utilise tous les procédés de trafic du son, que ce soit chez les DJ, dans le hip hop, dans la techno, ou même dans le rock, vient de lui. Ce n’était pas le cas de Stockhausen, qui avait une approche intellectuelle de l’électronique intégrée dans la musique contemporaine, pas du tout dans le concept de matière sonore. C’est donc une légitimité supplémentaire de l’électronique française, dont personne ou presque ne parle. C’est vrai que l’on peut revendiquer cela à l’extérieur, et il y a une certaine forme de respect de musiciens dans le monde par rapport à ça.


KR : La reconnaissance est parfois longue à venir…
JMJ : Cela prend du temps, toujours… La scène électronique était tellement réduite à l’époque… Nous étions une poignée d’allumés quand on a commencé à travailler au GRM, et quand Oxygène est sorti, dix ans après (en 1976, ndlr), ce n’était pas non plus dans l’air du temps : ça avait été refusé par toutes les maisons de disque, nous étions dans la période du disco, ce genre de choses. En fait, je n’ai jamais été dans un mouvement de mode. Et ce serait un conseil que je pourrais donner à quelqu’un qui commence : éviter de suivre la mode, et tracer son chemin.

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11 novembre 2012

Jean Michel Jarre, jeunes années au GRM


Si l’on veut comprendre la carrière de Jean-Michel Jarre, il est indispensable de faire un détour par ses deux années (1969 à 1971) au Groupe de Recherches Musicales (GRM). Il s’agit de l’ex-GRMC, qui est né la même année que Jean Michel, en 1948. Bon, évidemment, cela ne vous en dit pas plus. Cet établissement s’inscrit dans le cadre du Conservatoire national de Paris, et a été créé par le polytechnicien Pierre Schaeffer (1910-1995). Le GRM, donc, a été créé en 1958 par ce père de la musique concrète et de la musique électro-acoustique, dans le but de produire et d’étudier des sons nouveaux, et naturellement, les préserver. Plus de 200 compositeurs sont issus des rangs de cette institution française de pointe qui accueille aussi des musiciens étrangers (notamment le grec Iannis Xenakis dès ses débuts). Des institutions semblables verront le jour par la suite dans les principaux pays européens (Allemagne, Italie, etc.).
La première rencontre entre Jean Michel Jarre et Pierre Schaeffer se déroule en 1968, dans la maison de Radio-France. Il est tellement impressionné par cet homme qu’il n’a qu’une idée en tête : être au plus près de lui. Mais peu de gens sont admis au sein du GRM chaque année. Jean Michel passe néanmoins avec succès l’examen d’entrée du GRM en créant une musique à partir de bandes et de collages. C’est ainsi qu’à partir de janvier 1969, il intègre cette unité d’élite de la musique électro-acoustique, sous l’autorité de personnalités établies comme François Bayle (responsable du GRM en 1966) et Bernard Parmegiani (qui a intégré le GRM dès 1959).



> Jarre découvre les synthétiseurs
Le jeune Jean Michel (21 ans) suit les cours d’électro-acoustique appliqué à l’audiovisuel, au milieu de non-musiciens, des philosophes, des scientifiques. Le nom exact de sa formation est « classe de musique électroacoustique fondamentale et appliquée à l’audio-visuel ». En 1968, les premiers synthétiseurs modulaires voit le jour, et seul une poignée d’organismes possède le gros engin, dont le GRM. Jarre va pouvoir découvrir les tous premiers synthétiseurs (Modular Moog de Robert Moog et Synthi VCS-3, d’EMS, mais aussi l’ARP 2500 et le Mellotron). Il est probable que son amour de ces instruments instables et délicats à manier s’installe ici. Jean Michel, dont on reconnaît rapidement les qualités de « musicien », va bénéficier de la faveur de pouvoir utiliser le studio des professeurs pour construire ses premières pièces musicales. D’où les collages à partir de bandes magnétiques, dont certaines peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres.


> Un élève fantasque
Hélène Dreyfus, étudiante au GRM depuis septembre 1968, témoigne dans le numéro de Clavier Magazine de janvier 1990 de la singularité du jeune homme à cette époque :
Le musée de l’Homme nous avait confié un stock de bandes de musiques ethniques. En les recopiant, on les a écoutées. Jean Michel s’est passionné pour la voix plus que pour les instruments. On avait chacun notre stock de bandes, mais lui s’appropriait toujours les bandes de voix. On ne parlait pas en termes de notes, mais d’amas de sons, d’objets sonores. Il disséquait ces voix et a découvert une matière sonore nouvelle, bien avant qu’on ne parle de métissage, d’échantillonnage. Zoolook est la continuation de ce travail. (…)
Jean Michel a pris des années d’avance sur les autres au GRM. (…) On devait faire des compositions qui n’excède pas cinq à six minutes. La première fois que Jean-Michel a présenté une oeuvre, c’était superbe. Schaeffer a dit : « Mais vous composez comme votre père ! ». Il s’amusait à prendre les voix, à les mettre sur d’autres pistes, couper dans un son pour pouvoir l’intégrer dans un autre.

Jarre est un élève appliqué même si l’ambiance intello du Conservatoire ne lui convient pas, ce qu’il martèle régulièrement en interview depuis. Il croise dans les allées du GRM quelques très grands noms de la musique du XXème siècle : Pierre Boulez (né en 1925), Karlheinz Stockhausen (1928-2007) et Pierre Henry (né en 1927). Les cours sont davantage question de théorie que de pratique. Dernier élément de rebellion du révolutionnaire Jarre : un mépris certain pour les musiques orales (c’est-à-dire non écrites sur papier).


> Travaux pratiques
La fin de son stage de fin d’études donne la possibilité à Jarre d’enregistrer sa première œuvre « Happiness is a sad song » (jamais enregistré, probablement le collector ultime), qui sera utilisée à la MJC de Reims. Il enregistre Freedom Day avec le bluesman Samuel Hobo, s’amusant avec le VCS-3. Puis partant, il improvise en toute clandestinité dans le studio 54 de Parmegiani avec le batteur Jean-Pierre Monleau ce qui deviendra ultérieurement le 45 tours La Cage / Érosmachine chez Pathé-Marconi, qui est très recherché par les collectionneurs. Jarre sort du Conservatoire en 1971. C’est aussi cette année-là que Schaeffer quitte la direction du GRM tout en y restant professeur jusqu’en 1980. Jarre part terminer ce j’appelerai la période Pré-Oxygène, où quand l’avant-garde musicale part à la rencontre du grand public (publicités, génériques, etc.).Jean Michel rassemble d’ores et déjà de l’argent pour pouvoir garnir le minuscule studio qu’il a amenagé chez sa mère avec un matériel de fortune qu’il décrit lui-même comme du bricolage: « quelques générateurs, deux Revox, une petite console maison, un dispatching fait dans une boîte à chaussures, tout ce qu’il y a de plus concours lépine ! »


Article prêté par En Attendant Jarre
Lire aussi : 3 questions sur le GRM (interview de Jean Michel Jarre)

15:02 Publié dans L'avant-Oxygène | | Tags : grm, expérimental, 1969 |  Facebook | | |

03 avril 2011

La Cage / Erosmachine (45 tours, 1969)


Alors qu'il est étudiant au GRM de Pierre Schaeffer, Jean Michel Jarre entre clandestinement dans les studios de la Maison de la Radio, de nuit pour réaliser ces deux titres avec un VCS-3, une bande magnétique et des cutters.

L'album, qui est signé par Pathé-marconi, est vendu à 117 exemplaires. Le stock des vinyles invendus restera des années dans une réserve.
Aujourd'hui, ce disque est l'un des plus prisés des collectionneurs.



Composition du disque
A) La Cage (3:25) batterie: Jean-Pierre Monleau
B) Erosmachine (3:00)