01 mars 2013
Jarre ambassadeur du Salon de la Musique (Music and You) 2010
Jean Michel Jarre était l'ambassadeur du 19 au 22 novembre 2010 de la 3ème édition de "Music&You", le Salon de la Musique à La Grande Halle de la Villette à Paris.
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21 décembre 2012
Interview de JMJ à Keyboards Recording (12/2010)
Revenu, littéralement, sur le devant de la scène à travers sa tournée mondiale lancée en 2010, Jean Michel Jarre bénéficie, 35 ans après Oxygène, d’un regain d’intérêt chez les artistes estampillés « musique électronique ». Le rencontrer, c’est parler à la fois de Pierre Schaeffer et de Koudlam, de synthés analogiques et de la version 9 de Pro Tools. La preuve.
Keyboards Recording : On a pu vous voir, mi-novembre, au Salon de la musique, Music & You. Quelle importance accordez-vous à un tel rendez-vous ?
Jean Michel Jarre : C’est, pour moi, une manifestation qu’il faut absolument soutenir : c’est l’un des rares moments de réunion du monde de la musique. Je trouve d’ailleurs dommage, et assez symptomatique de la France, du manque de reconnaissance de cet univers par les « autorités ». Prenez le Salon du livre, les festivals de cinéma, tous ces rendez-vous où l’on voit les ministres affluer, et là, personne ! C’est très révélateur d’un certain état d’esprit français par rapport à la musique. C’est d’ailleurs un problème qui commence dès l’éducation : alors que dans les autres pays européens, la musique est considérée comme une matière à part entière, au même titre que l’histoire-géo ou les maths, ici cela relève du système D.
KR : Ce qui est paradoxal, c’est que, dans le cadre de votre domaine, la musique électronique française bénéficie d’une certaine reconnaissance hors de nos frontières…
JMJ : Oui, il existe une vraie légitimité. Ce n’est pas un hasard si la musique électronique française est l’une des plus importantes au monde, elle a hérité d’un caractère qui lui est propre. Au mois de juin dernier, j’ai reçu un MOJO Award (cf Distinctions), qui m’a été remis par John Foxx (fondateur d’Ultravox, ndlr), qui a expliqué: «Lorsque j’étais plus jeune, en Angleterre, nous étions envahis par la musique américaine, et quand j’ai entendu votre musique pour la première fois, j’ai découvert quelque chose de fondamentalement européen, et cela m’a donné envie de faire autre chose, de créer Ultravox…» Je pense que c’est très significatif de la manière dont la France a généré une approche particulière de la musique… Et cela vient du fait qu’on a eu quelqu’un comme Pierre Schaeffer.
KR : On ne parle plus beaucoup de lui, pourtant…
JMJ : C’est vrai. Et c’est scandaleux que l’on n’ait pas fêté le centième anniversaire de sa naissance en 2010. Si nous étions aux États-Unis, il serait plus important que John Cage, Philip Glass et tous les musiciens américains réunis ! Ici, personne n’en parle… C’est lui qui a ouvert la voie, apporté une approche sonore de la musique à travers le sound design, en ne se limitant pas aux seuls aspects théoriques, au solfège, aux harmonies, etc.
KR : Le GRM (Groupe de recherches musicales), auquel vous avez participé, a joué un rôle particulier dans cette émergence ?
JMJ : Je sais que si je suis là aujourd’hui, c’est grâce au GRM (Article détaillé), et grâce à Schaeffer. La musique telle qu’on la fait aujourd’hui, où l’on utilise tous les procédés de trafic du son, que ce soit chez les DJ, dans le hip hop, dans la techno, ou même dans le rock, vient de lui. Ce n’était pas le cas de Stockhausen, qui avait une approche intellectuelle de l’électronique intégrée dans la musique contemporaine, pas du tout dans le concept de matière sonore. C’est donc une légitimité supplémentaire de l’électronique française, dont personne ou presque ne parle. C’est vrai que l’on peut revendiquer cela à l’extérieur, et il y a une certaine forme de respect de musiciens dans le monde par rapport à ça.
KR : La reconnaissance est parfois longue à venir…
JMJ : Cela prend du temps, toujours… La scène électronique était tellement réduite à l’époque… Nous étions une poignée d’allumés quand on a commencé à travailler au GRM, et quand Oxygène est sorti, dix ans après (en 1976, ndlr), ce n’était pas non plus dans l’air du temps : ça avait été refusé par toutes les maisons de disque, nous étions dans la période du disco, ce genre de choses. En fait, je n’ai jamais été dans un mouvement de mode. Et ce serait un conseil que je pourrais donner à quelqu’un qui commence : éviter de suivre la mode, et tracer son chemin.
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