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09 mars 2014

Jean Michel Jarre, 30 ans après (Le Nouvel Obs, 13/01/2008)

2007,coupure presse,30 ans d'oxygène


Il y a du Dorian Gray chez Jean Michel Jarre. L'homme aux 60 millions d'albums vendus et à la quinzaine de concerts pharaoniques (Place de la Concorde, Place Rouge [Note du bloggueur: confusion avec Didier Marouani], Cité interdite…), mentionné à trois reprises dans le "Guiness book", devient un défi aux années qui passent. Trente ans après, l'album "Oxygène", qui a fait son succès, ressort quasiment à l'identique. La même partition. Les mêmes instruments - une cinquantaine de synthétiseurs qui dormaient dans un hangar de la banlieue parisienne. Et aux manettes, le même musicien, aujourd'hui quasi sexagenaire, mais copie conforme de ses portraits de 1977. Pas un cheveu blanc, pas une ride.

Le Nouvel Observateur: Pourquoi ressortir "Oxygène"?
JMJ:
C'est un album que j'avais bricolé tout seul dans ma cuisine avec un magnétophone analogique à huit pistes. Avec l'arrivée de la haute définition, je le suis dit qu'un jour il faudrait que le réenregistre sur des équipements dignes de ce nom. Mais avec les instrulents que j'avais utilisés à l'époque. Comme les Mellotron ou les Moog modulaires, qui sont à la musique électronique l'équivalent du tradivarius pour le classique.

N.O. : Nostalgique, cette plongée trente ans en arrière?
JMJ:
Non, je n'ai pas l'impression que trente ans ont passé. même si à l'époque, c'est vrai, il y avait une vision poétique du futur que nous avons perdue. Et puis j'ai retrouvé les sensations que j'avais connues au moment de la réalisation d'Oxygène, ce mélange d'ambition et d'innocence qui fait les premières œuvres. En réalité, un artiste ne se renouvelle pas. Dans un certain sens, il dit toujours la même chose. J'ai rencontré un jour Federico Fellini, qui m'a déclaré qu'il avait toujours réalisé le même film alors qu'il croyait à chaque fois en faire un différent.

N.O.: Vous entamez une tournée européenne et américaine dans des petites salles, comme le théâtre Marigny à Paris ou le Royal Albert Hall à Londres. C'est parce que vos mégaconcerts ne marchent plus?
JMJ:
C'est drôle, cette habitude typiquement française de chercher la petite bête, l'échec! Je ne suis pas obsédé par les grandes foules. Et j'avais envie, cette fois, d'une relation plus intimiste, plus proche avec mon public. Mais rassurez-vous, puisque vous avez l'air inquiet, j'ai encore beaucoup de projets de concerts géants qui n'auront rien à envier aux précédents.

N.O.: On parle d'une french touch en matière de musique électronique, avec le succès de Daft Punk, Air, Bob Sinclar… Ça ne vous rend pas amer de ne pas y être associé?
JMJ:
Il n'y a pas de french touch, c'est juste un truc de marketing. Les artistes que vous citez sont des créateurs spécifiques avec des univers différents. Et moi, de toute façon, je ne fais pas de musique pour les discothèques.

N.O.: Entre le fils de Maurice Jarre, célèbre compositeur de musique de film (de "Lawrence d'Arabie" au "Docteur Jivago"), trois fois récompensé aux Oscars, et vous, ça a été compliqué?
JMJ:
Mes parents ses sont séparés quand j´avais 5 ans. Mon père est parti vivre aux Etats-Unis. Et je ne l'ai revu que très récemment. Pour moi, il a été davantage une béance, une absence, qu'une référence musicale. Mais si on doit faire un peu de psychanalyse, je n'ai pratiquement jamais composé de B.O. - j'ai notamment refusé "American Gigolo" et presque toutes les autres réalisations de Paul Schrader - car j'ai toujours considéré que c'était le territoire de mon père.

00:04 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : 2008, 30 ans d'oxygène, coupure presse |  Facebook | | |