Article du "Monde" sur la "Nuit électronique" du 14/07/1998

Concert de Jean Michel Jarre le 14 juillet pour célébrer la fin du Mondial: Une effervescence bleu, blanc, rouge

Les concerts du 14 juillet de Jean-Michel Jarre vont bientôt devenir aussi immuables que le défilé militaire. Pour la quatrième fois, le musicien rassemblait les Parisiens à l’occasion de la fête nationale. S’il jouait au pied de la tour Eiffel, Jean-Michel Jarre a légèrement calmé ses ardeurs monumentales. Pas de projection sur immeubles ni de show-laser titanesque. Rendez-vous 98 s’est "contenté" d’une scène au toit en demi-cercle et de vingt-cinq grands écrans disposés le long du Champ-de-Mars. Pendant deux heures, cette Nuit électronique a mêlé l’effervescence victorieuse de la fin du Mondial aux allures de Love Parade techno.

Avant le Mondial, Jean-Michel Jarre a enregistré deux hymnes au football: Rendez-vous 98, avec les Britanniques d’Apollo-Four-Forty, et Together Now avec Tetsuya "TK" Komuro, vedette au Japon (plusieurs millions de disques vendus en Asie). Chacun d’eux partagera la scène avec lui ce soir. Autres invités, les DJ Claude Monnet et DJ Cam, les Allemands de Resistance D et même des rappeurs. But de la manoeuvre : insuffler de nouveaux sons et de nouveaux rythmes au répertoire du créateur d’Oxygène et montrer le rôle de parrain qu’il peut avoir auprès de la génération techno.

:: Métissage ethno-techno ::
Les premiers essais ne sont pas concluants. Les syncopes jungle d’Apollo-Four-Forty se marient mal, dans un premier temps, avec la grandiloquence naïve du clavier de Jarre. Mais ce concert réservera de meilleurs moments. Grâce à l’apport du rap de Dadou, membre du groupe KDD, et de DJ Cam, inventant derrière ses platines de nouvelles sculptures hip-hop. Grâce aussi à deux batteurs situés de chaque côté de la scène, dynamisant les boucles synthétiques avec une énergie sauvage. La scénographie s’anime de quelques trouvailles. Breakdancers intrépides, échassiers semblant échappés du carnaval de Venise, trois choristes japonaises, une vingtaine de "ravers" et deux poupées gonflées au rythme de danses frénétiques. Des feux de bengale et, devant la tour Eiffel, les premières fusées. Un début d’incendie s’est d’ailleurs déclenché au sommet du toit bâché.

Enroulé dans un drapeau tricolore, Jarre dédie à Zinedine Zidane le métissage ethno-techno d’un titre d’inspiration arabisante. Avec TK, le Français semble composer la bande originale d’un film d’épouvante illustrée par des images enfin impressionnantes qu’on croirait tirées de Microcosmos. Lors d’un final festif, tous les participants entrent sur scène sous une pluie de cotillons. Avant que ne s’embrase pour de bon le vrai feu d’artifice.
Article rédigé par Stéphane Davet dans "Le Monde"

La Nuit électronique (concert à la Tour Eiffel, 14 juillet 1998)

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À l'origine, Jean Michel avait prévu de donner un concert dans la foulée de son album de remixes Odyssey through O2 pour la fête de la musique avec les participants de l'album. Finalement, le concert est annoncé le 25 juin en présence du Maire de Paris (alors que le Préfet de Police ne l'avait pas encore autorisé). TK Komuro, star dans son pays, faisait lui la promotion de ce concert au Japon sur son propre argent.

L'atout de cette date du 13 juillet résidait dans l'expérience du concert pour la tolérance trois ans plus tôt plus le fait que les Trois ténors (Luciano Pavarotti, Placido Domingo et Jose Carreras) donnait un concert sur la même scène, 3 jours plus tôt. Jean Michel y ajouta neuf écrans en facade de la scène, et douze le long du Champ de Mars. Mais ce que Jean Michel ne savait pas, c'était que la victoire inattendue de l'Equipe de France en finale du mondial de Football allait totalement remodeler la tournure de la fête.

Cinq projecteurs étaient braqués sur la Tour Eiffel. Les images générés par les logiciels Jarkaos et Pose furent fabriquées en direct par le VJ Jessie Deep et Jean Michel Jarre lui-même. Les 3 marionettes géantes du concert de Moscou et de l'Oxygène Tour furent réutilisées sur scène. C'est Christian Bourret qui assurait la mise en scène de l'ensemble.

Le programme musical ne ressembla à aucun autre concert de Jarre : en effet, il comprit une première partie (avec Apollo 440), et l'essentiel de la musique mettait à l'honneur d'autres artistes, DJ, Rappeurs.

Le public habitué aux concerts classiques de Jarre fut assez étonné par ce mélange de style et le son plus dur, plus techno, s'est manifesté de manière bruyante, sifflant parfois dans l'attente de la tête d'affiche, et certains des 600.000 spectateurs, pas des teufeurs, ont même quittés les lieux avec le tir final de feu d'artifice au pied de la Tour Eiffel.

Jean Michel a conclu le concert, le drapeau français sur les épaules, en dédiant le dernier morceau Revolutions à Zinédine Zidane. Le concert fut retransmis par la chaîne M6.

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1. Rendez-Vous 98 (Appolo 440 Remix)
2. Together Now Instrumental (avec TK)
3. Together Now Parlez-Vous Français Mix (avec TK et les rappeurs KDD et Trigga the Gambler)
4. Oxygene 7 DJ Cam remix
5. Oxygene in the Ghetto
6. Eldorado / UNESCO Theme Japan
7. Oxygene 8 Hani's Oxygene 303
8. Paris Underground (avec TK)
9. Oxygene 13 TK Remix (avec TK)
10. Oxygene 10 (Appolo 440 remix dub)
11. Oxygene 10 (Resistance D Treatment)
12. Oxygene 8 Sunday Club
13. Oxygene 12 (Claude Monnet remix)
14. Revolutions (remix) et Rave-o-lution

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Jean Michel Jarre (Claviers)
Tetsuya "TK" Komuro (Claviers)
Christophe Papendieck (Synthé basse)
Cliff Hewitt (Batterie: DDrum 4)
Paul Kodish (Batterie accoustique)
DJ Claude Monnet (Platines)

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Jean Michel Jarre: Clavia Nord Lead, Roland JP8000, Roland JX-305, Yamaha AN-1x, Kurzweil K2000, Quasimidi Sirius, AKS, VCS3.
TK: Yamaha 02R, Clavia Nord Lead, Roland JP8000.
Autres instruments présents: Korg Prophecy, Roland JD800 (et bien d'autres !)