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21 décembre 2013

Article du "Monde" sur la "Nuit électronique" du 14/07/1998

Concert de Jean Michel Jarre le 14 juillet pour célébrer la fin du Mondial: Une effervescence bleu, blanc, rouge

Les concerts du 14 juillet de Jean-Michel Jarre vont bientôt devenir aussi immuables que le défilé militaire. Pour la quatrième fois, le musicien rassemblait les Parisiens à l’occasion de la fête nationale. S’il jouait au pied de la tour Eiffel, Jean-Michel Jarre a légèrement calmé ses ardeurs monumentales. Pas de projection sur immeubles ni de show-laser titanesque. Rendez-vous 98 s’est "contenté" d’une scène au toit en demi-cercle et de vingt-cinq grands écrans disposés le long du Champ-de-Mars. Pendant deux heures, cette Nuit électronique a mêlé l’effervescence victorieuse de la fin du Mondial aux allures de Love Parade techno.

Avant le Mondial, Jean-Michel Jarre a enregistré deux hymnes au football: Rendez-vous 98, avec les Britanniques d’Apollo-Four-Forty, et Together Now avec Tetsuya "TK" Komuro, vedette au Japon (plusieurs millions de disques vendus en Asie). Chacun d’eux partagera la scène avec lui ce soir. Autres invités, les DJ Claude Monnet et DJ Cam, les Allemands de Resistance D et même des rappeurs. But de la manoeuvre : insuffler de nouveaux sons et de nouveaux rythmes au répertoire du créateur d’Oxygène et montrer le rôle de parrain qu’il peut avoir auprès de la génération techno.

:: Métissage ethno-techno ::
Les premiers essais ne sont pas concluants. Les syncopes jungle d’Apollo-Four-Forty se marient mal, dans un premier temps, avec la grandiloquence naïve du clavier de Jarre. Mais ce concert réservera de meilleurs moments. Grâce à l’apport du rap de Dadou, membre du groupe KDD, et de DJ Cam, inventant derrière ses platines de nouvelles sculptures hip-hop. Grâce aussi à deux batteurs situés de chaque côté de la scène, dynamisant les boucles synthétiques avec une énergie sauvage. La scénographie s’anime de quelques trouvailles. Breakdancers intrépides, échassiers semblant échappés du carnaval de Venise, trois choristes japonaises, une vingtaine de "ravers" et deux poupées gonflées au rythme de danses frénétiques. Des feux de bengale et, devant la tour Eiffel, les premières fusées. Un début d’incendie s’est d’ailleurs déclenché au sommet du toit bâché.

Enroulé dans un drapeau tricolore, Jarre dédie à Zinedine Zidane le métissage ethno-techno d’un titre d’inspiration arabisante. Avec TK, le Français semble composer la bande originale d’un film d’épouvante illustrée par des images enfin impressionnantes qu’on croirait tirées de Microcosmos. Lors d’un final festif, tous les participants entrent sur scène sous une pluie de cotillons. Avant que ne s’embrase pour de bon le vrai feu d’artifice.
Article rédigé par Stéphane Davet dans "Le Monde"