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18 janvier 2014

Jean-Michel Jarre le Louis XIV du synthé (Le Parisien, 24/09/1993)

coupure presse,1993,mont-saint-michel,europe en concert,versaillesC'est inouï ! Jean-Michel Jarre a transformé le château de Versailles. D’emblée, c’est ce qui frappe l’oeil en arrivant place d’Armes, devant l’édifice royal. L’ampleur de la scène sur laquelle il donnera ce soir son grand concert, entre 21 h 30 et 23 h 15, est telle qu’elle donne l’impression qu’un nouvel édifice a été construit. Il faut dire que le Louis XIV du synthé n’a pas lésiné sur les moyens. La scène installée juste devant le château mesure deux cents mètres de large. Une dizaine d’immenses tours ressemblant à des buildings la composent. Certains sont hauts de vingt-cinq mètres, comme si une cite imaginaire avait été recréée. C’est sur ces tours que seront projetés ce soir les effets laser et les images du megashow. Plus de quatre vingt mille spectateurs, pour ne s’en tenir qu’aux seuls billets vendus, auront ainsi l’impression de s’évader dans un gigantesque clip, dans un univers, en tout cas, plus proche de celui de Meliès ou de Vittorio de Sicca que de celui de Steven Spielberg, le réalisateur du film «Jurassic Park», même si l’occasion sera donnée de voir de gigantesques images de dinosaures… On l’imagine aisément, les préparatifs sur le site ont demandé une organisation colossale. Mercredi soir, comme hier soir encore, la célèbre Place d’Armes était une véritable ruche.

Ce soir, cela sera vraiment de la folie. Le public sera massé principalement avenue de Paris. Quand on sait que la longueur et la largeur de cet axe, qui fait face au château, sont comparables à celles des Champs-Elysées, on peut s’attendre à ce que le nombre de spectateurs dépasse les cent mille personnes.

Le Parisien : Quelle a été la plus grosse difficulté dans l’organisation de votre show versaillais ?
Jean-Michel Jarre. – C’est beaucoup plus compliqué que dans un stade fermé. Une foule de gens, d’origine très différente (collectivités locales, sécurité, commission des sites historiques…) sont en effet impliqués; D’importants problèmes logistiques doivent aussi être pris en compte. Globalement, l’organisation s’est plutôt très bien déroulée avec une municipalité qui souhaitait depuis longtemps me voir faire quelque chose à Versailles. Déjà, à l’époque de la célébration du bicentenaire de la Révolution, j’avais été contacté.

« L.P.». – D’où vient votre intérêt pour le site de Versailles ?
J.-M.J.- Pas uniquement du fait de l’existence du château de Versailles. On ne m’a pas attendu pour qu’il brille! Mon but n’est pas d’y faire un son et lumière. Ce qui est intéressant dans la place d’Armes, c’est qu’elle est une sorte de théâtre naturel qui permet d’acceillir les gens d’une manière très conviviale, voilà pourquoi mon concert de ce soir sera complètement différent de ce que j’ai pu présenter à la Concorde ou à La Défense il y a quelques années. Ce soir, mon show se place dans le cadre de ma tournée Europe en concert. Je me balade un peu comme un escargot avec sa coquille avec un dispositif scénique que j’installe et réadapte à la particularité de chaque site.

« L.P. ». – Votre tournée a débuté le 28 juillet au Mont Saint-Michel. On se souvient des embouteillages monstres qu’il avalt suscités !
J.-M.J.- Oui, seules trois mille personnes n’ont pas pu accéder au spectacle, mais cinquante-cinq mille sont quand même parvenues à gagner leurs places. Et cent mille autres étaient autour de la baie du Mont-Saint-Michel. D’ailleurs, certains spectateurs veulent constituer une association des satisfaits du concert de Jean-Michel Jarre;

« L.P. ». – Pourtant, certains ont trouvé votre spectacle un peu ennuyeux.. Vous avez changé votre fusil d’épaule ?
J.-M.J.- Le Mont-Saint-Michel, c’était une sorte de répétition générale. Comme dans toute tournée traditionnelle, les choses ne se mettent en place qu’au bout de trois ou quatre concerts. Europe en concert est la plus grosse production qui tourne sur la route cette année, toutes productions confondues, anglo-saxonnes comprises..

« L.P. ». – On peut donc crier cocorico, d’autant ptus que vous avez rempli le stadium de Wembley avec soixante dix milles spectateurs, autant que Madonna ou Michael Jackson. Vous êtes le seul Français à l’avoir réussi ?
J.M.J.- Oui. c’était un rêve de gosse, Apres le Mont-Saint-Michel on est partis dans toutes les villes d’Europe pour faite la première tournée européenne française dans un format identique à celui des grosses productions américaines et, parfois, dans des endroits plus grands encore. A Bruxelles, devant l'Atomium, soixante-quinze mllle spectateurs étaient là. Jamais aucun artiste n’avait fait autant. Mais il ne faut pas en tirer une gloriole bébête. Cette affluence prouve tout simplement qu’il y a un savoir-faire français.

« L.P. ». - Quels sont été vos plus beaux souvenirs de cette tournée ?
J.-M.J.- Manchester ! Le public était très nerveux. J’avais I’impression d’être dans le sud de l’Espagne. Manchester, c’est une ville très dure avec le chômage. Son état est celui de l’Est avant la chute du mur. Du fait des skinheads, une énorme violence règne. C’était hallucinant ! A l’entrée du stade, il y avait des vrais et des faux tickets, les vrais et les faux tee-shirts. Certains vendaient de la drogue ou des armes. J’ai aussi eu peur de ne voir aucun spectateur car, ce jour-là, Manchester et United disputaient un match de football. C’était comme jouer à Marseille le jour où il y a un match de l’O.M. !

« L.P. ». - Vous vous êtes produit au stade-Vélodrome en pleine tempête de l’O.M. Cela n’a pas été trop difficile. ?
J.-M.J.- Le public de Marseille avait besoin d’être remonté. Surtout dans un endroit où il y a eu tant d’émotions fortes. Ce fut une sorte de chant du cygne provisoire.

« L.P. ». – Après tous ces concerts, vous n’êtes pas sur les rotules ?
J.-M.J.- Si, je suis vraiment crevé. J’ai perdu presque dix kilos. Je suis même au-delà d’être épuisé. Quand on ne dort pas pendant quatre ou cinq mois, le corps s’habitue. Il y a tellement de problèmes tous les jours. Europe en concert, c'est plutôt un gros paquebot qu’une navette spatiale.

Propos recueillis par Yves Berton

:: Plus rythmé qu’au Mont Saint-Michel ::
JEAN MICHEL JARRE était à Montauban, mardi soir. Au grand stade, exactement. L'ambiance était bon enfant. Certaines grand-mères des pavillons voisins avaient sorti leur chaise pour profiter du show depuis chez elles. D’autres avaient loué leur bout de jardin aux vendeurs de merguez… Jarre a repris tous les morceaux de son dernier album «Chronologie». Mais, à l’opposé de sa «première» du