01 août 2013
3 questions sur… La Concorde (1979)
1) Tu as pas mal cogité avant de faire ton premier concert en extérieur?
J-M J : "Il s'est posé le problème de présenter une alternative à la performance pop sur scène, avec des instruments qui ne sont pas sexy. En expérimentant, je suis tombé sur des gens qui travaillaient le visuel. D'où cette idée de présenter ma musique de manière différente d'un concert de rock, avec l'adjonction de visuels et aussi l'idée que celle-ci avait besoin d'un autre genre de lieu que les salles de concert. En fait, avec le rock, tu prends le son dans le bide alors qu'avec la techno, il traverse le corps. C'est davantage une musique d'espace et donc, j'ai eu envie d'aller dehors pour y intégrer l'architecture et l'image. Toujours avec l'idée de pirater, car la musique électronique part de l'idée de samples, d'emprunts, de la notion de détournement. Il fallait pirater un lieu. Ca préfigure ce qui s'est passé avec les raves qui exprimaient une autre forme musicale en y adjoignant nombre de techniques visuelles, tout en piratant les lieux."
2) N'y a-t-il pas plus institutionnel que la Place de la Concorde assez difficile à pirater! Comment ça s'est passé?
J-M J : "Lorsque l'on est dehors, il est évident que soit on pirate un champ, soit dans une ville, on pirate un système. C'est faire en sorte d'avoir les autorisations pour faire quelque chose de ponctuel. Ce qui s'est passé, par hasard, pour la Place de la Concorde avec 1 million de spectateurs venus. Ce n'était absolument pas prévu. J'ai mis un an à m'en remettre, c'était tout à fait expérimental. Je ne pense pas que les gens sont venus uniquement me voir, ils ont senti qu'il y avait peut-être quelque chose, un pretexte pour se réunir. Finalement, sans comparaison avec les raves, ça m'a toujours frappé de voir cet aspect spontané où les gens viennent sans être invités, juste par le bouche à oreilles.
3) Que s'était-il passé à l'époque? Les disques comme Equinoxe et Oxygène ont-ils suscité la curiosité?
J-M J : "Oui, c'était lié à cela. Un phénomène qui dépasse le cadre de l'événement et du concert. Oxygène et Equinoxe sont devenus extrêmement populaires dans le monde entier et ont marqué ce moment. Les gens étaient curieux de voir comment on faisait une autre musique. Aujourd'hui, il y a deux manières pour les performances musicales : soit celle d'Orbital ou d'Underworld, ces DJs super-producteurs qui vont faire des concerts dans des clubs où on ne voit pas les gens. Et puis la scène façon Chemical Brothers et Prodigy qui renouent avec le rock au niveau de la performance scénique."
Propos recueillis par Jean-Yves Leloup
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