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08 février 2014

L’odyssée de l’espace de Jean-Michel Jarre (Le Soir, 3/12/2010)

coupure presse,2010Jean-Michel Jarre s’est produit de la Concorde à la Cité interdite. Pionnier de la musique électronique, le Français a attendu d’avoir 62 ans pour entamer sa première tournée mondiale. Le «Jean-Michel Jarre 2010» se pose à Anvers ce vendredi 3 décembre. Il a vendu plus de 80 millions d’albums et s’est surtout fait connaître à travers ses mégaconcerts aux quatre coins du globe.
Considéré par la scène électronique française (Laurent Garnier et Daft Punk en tête) comme leur « Parrain », l’homme d’Oxygène et d’Equinoxe se lance dans sa première tournée mondiale. Et si celle-ci s’intitule Jean-Michel Jarre 2010, c’est évidemment pour rendre hommage à l’écrivain Arthur C. Clarke qui déclarait « avoir écouté les albums de Jean-Michel Jarre inlassablement jusqu’à les savoir par cœur et j’ai écrit la quasi-totalité de mon 2001 : Odyssey Two sur sa musique ». Rencontre avec un vrai passionné.

Votre parcours est à ce point atypique que vous entamez votre première tournée mondiale après quarante ans de carrière. Pourquoi aujourd’hui ?
C’est un rêve que je caressais depuis longtemps. L’idée est de prendre la magie des concerts en extérieur et l’apporter dans des espaces plus contrôlables. Je voulais montrer qu’il est possible de faire de la musique électronique en live et en direct avec des instruments. J’avais envie de partager tout cela dans une proximité différente. Et de reprendre les morceaux de mon répertoire revisités pour la circonstance.

Quelle est votre configuration scénique ?
Nous sommes quatre sur scène. Un peu dans l’esprit d’un groupe de rock. Nous avons 70 instruments assez spectaculaires sur scène dont beaucoup font partie de la mythologie de la musique électronique. J’attache également beaucoup d’importance à l’aspect visuel du concert. À l’heure où la musique est devenue nomade, le prolongement visuel fait partie de la performance musicale. Si on aime la musique, c’est parce c’est le médium le plus interactif. C’est celui sur lequel les gens peuvent le plus travailler et créer.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la vie de tournée ?
J’ai demandé de voyager au maximum par la route. À l’époque d’Internet et de l’avion, on a une relation de plus en plus virtuelle avec la géographie. On arrive dans un pays sans le ressentir. Quand on traverse le pays, on finit toujours par s’arrêter et le renifler. Du coup, ce qu’on va donner sur scène sera différent.

On sait combien vous êtes un perfectionniste, voire un monomaniaque du son. Quand vous arrivez dans une salle que vous ne connaissez pas, vous la reniflez comme un pays que vous traversez ?
Je vais m’asseoir dans tous les endroits. Les ingénieurs du son me maudissent au premier degré mais ils respectent parce qu’ils sont tirés vers le haut. Mais au bout du compte, c’est quoi un spectacle ? C’est quand même proposer quelque chose qui soit parfait.

Finalement, c’est à se demander si tous ces concerts gargantuesques au fil des ans n’ont pas développé cette acuité qui vous permet aujourd’hui de partir en tournée ?
Disons que tous ces concerts auxquels vous faites allusion étaient des travaux pratiques, c’est vrai.

Laurent Garnier, pour qui, vous le savez mieux que nous, vous comptez beaucoup, nous disait que s’il a commencé à se produire sur scène avec de vrais musiciens, c’est pour offrir quelque chose de plus organique, de beaucoup plus chaud…
Et il a raison. Ce qui est drôle avec quelqu’un comme Laurent, c’est qu’il fait partie de cette génération de gens qui ont abordé la musique à travers le deejaying. Etre dee-jay, c’est une activité à part entière. Rares sont ceux qui combinent l’excellence en tant que DJ, producteur et compositeur. Je pense que Chemical Brothers réunit les trois et Daft Punk aussi.

En tant que pionnier de la musique électronique, pouvez-vous nous dire d’où vient cette mélancolie qui s’échappe des nappes de claviers si caractéristiques du son de cette musique ?
Ce contraste entre l’énergie et la dynamique est cette mélancolie masquée. Quand je réfléchis bien, c’est ce qui me plaît le plus dans l’art en général et, personnellement, c’est ce qui me fait vibrer. Je pense que le côté sombre n’est jamais aussi efficace qu’à partir du moment où il est mis en perspective avec la lumière et la gaieté. C’est pour ça que quelqu’un comme Federico Fellini est extraordinaire. Pour cette contradiction entre la mélodie et la mélancolie souterraine.

00:01 Publié dans Interviews / Presse | | Tags : coupure presse, 2010 |  Facebook | | |