24 janvier 2014
Jarre et le Pape'Art (Télé K7, 11/06/1987)
Jean-Michel Jarre fait les choses en grand, ou ne les fait pas. Le 11 juin, il ne se contente pas d’être l’invité d’une des émissions d’ Antenne 2, mais passe la journée sur la chaîne. Le "prince du laser" inaugure ainsi une formule nouvelle de la deuxième chaîne, qui accueillera régulièrement une personnalité pendant 24 heures. A 6 h 45, Jean-Michel Jarre ouvre I’antenne avec Roger label, pour Telematin. Il enchaîne avec Matin Bonheur et le journal de 13 heures, qui doit être présenté en direct de son domicile de Croissy-sur-Seine. Puis, C’est encore mieux l’après-midi et le journal de vingt heures recevront à leur tour le musicien. La retransmission du spectacle réalisé par Jean-Michel Jarre à I’occasion de la venue du pape à Lyon, en octobre dernier, constituera le point d’orgue de cette journée spéciale. Neuf mois après le mégaconcert qui a réuni sur les bords de la Saone plus de 100.000 personnes, la télévision offre aux téléspectateurs le dernier bébé de Jean-Michel Jarre. "Le spectacle de Lyon m’a énormément touché, » raconte Jean-Michel Jarre. Le cadre était très poétique, et c’est la ville où j’ai grandi, A l’endroit même où nous jouions, je me baladais avec ma grand-mère quand j’étais gosse." Sans doute la présence du pape a-t-elle contribué à faire de ce concert un événement très particulier. A mille lieues des paillettes et des strass du show-business. Mais proche de la ferveur qui se dégage de toutes les grandes messes musicales. « J’avais rencontré le pape la veille du concert, poursuit Jean-Michel Jarre. C’est un homme extraordinaire, plein de charisme. Et j’ai su par le cardinal Decourtray que le spectacle lui avait beaucoup plu.»
:: La sensation de l’acrobate ::
Tourné par Jean-François Gauthier, le film du concert fait d’ailleurs bien ressortir I’intensité de ce rendez-vous éphémère : "Je n’avais pas dormi depuis un mois. Unique et non-reproductible, ce genre de spectacle oblige à se concentrer et à se déterminer pour un moment précis, le point final. C’est très excitant de savoir que la première sera aussi la dernière. Tout peut arriver. On a la sensation de l’acrobate devant le saut de la mort." Les émotions fortes, Jean-Michel Jarre commence à connaître. A Houston, en avril 1986, un million et demi d’Américains s’étaient rassemblés autour de lui pour fêter le 25è Anniversaire de la Nasa. Sur scène, 7 musiciens manipulaient 45 claviers de synthétiseurs, face à 200 jeunes choristes vêtus de blanc, façon astronaute. 4 projecteurs de DCA et 8 canons laser mêlaient leurs faisceaux lumineux dans la nuit texane. Et sur les murs géants des buildings, I’histoire des U.S.A. défilait en images. Un délire made in France ! "Autour du pape, poursuit Jean-Michel Jarre, le concert de Lyon était plus chargé de tradition que celui de Houston, qui symbolisait la modernité de la Nasa. Mais dans les deux cas, on reste près du ciel… !" Jean-Michel Jarre, un livre de Jean-Louis Remilleux, doit sortir en librairie au début du mois de juin. "Lorsqu’on s’exprime avec des sons impalpables, des notes invisibles, écrit Jean-Michel Jarre, le livre est une manière de fixer l’éphémère." Avec Oxygène, Les concerts en Chine, Zoolook et Rendez-vous, le fils du compositeur Maurice Jarre a vendu près de 30 millions de disques. Où ce musicien pas comme les autres trouve-t-il son inspiration ? "Chaque spectacle est un peu un brouillon pour le suivant. Mais ce qui m ‘inspire, c’est une somme de choses. Le son de la pluie, le film que j’ai vu la veille, une discussion… Ce sont toutes ces petites impressions qui donnent naissance a une idée musicale."
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